Bien avant la fondation du Festival mondial de Folklore (aujourd’hui le Mondial des Cultures) en 1982, de nombreuses troupes se sont illustrées à Drummondville. L’année 1928 constitue l’acte de naissance du folklore dans la localité, alors que la troupe « Chautauqua », en tournée canadienne, s’arrête pendant trois jours à Drummondville. Malgré un répertoire varié composé de chants et de mélodies européens, de musique classique et de comédies, son séjour ne fait pas l’unanimité. Ainsi, dans une période encore trop marquée par une certaine xénophobie, un citoyen de la région dénonce, dans une lettre ouverte à La Parole, ce genre de spectacles dispensés par des étrangers non catholiques… Heureusement, cette méfiance n’est pas partagée par l’ensemble de la population, à commencer par un groupe de notables locaux formé de Walter Moisan, de Napoléon Garceau, de Ben Prince, de N.G. Glattfelter et A.W. Knight, qui organise le retour du groupe dès l’année suivante, puis en 1931. Par la suite, on assiste à une certaine accalmie jusqu’en 1944, quand le Septuor Blaquière, formé d’un père et de ses six enfants, s’exécute à la salle paroissiale de Saint-Joseph. Mais l’impulsion est lancée, et à la suite de la renaissance de l’Ordre du Bon Temps...

Le matin du 24 juillet 1975, vers 5h54, une tornade cause tout un émoi dans le paisible village de Saint-Bonaventure. En à peine trois ou quatre minutes, des vents de 100 milles à l’heure ravagent tout sur leur passage, endommageant gravement l’église paroissiale, considérée comme l’une des plus belles de la région, en plus de plusieurs bâtiments et habitations. L’épicentre du sinistre a traversé la rue Principale sur une longueur de 3 milles et demi et une largeur de 1000 pieds. En plus de faire plus de 80 blessés, la tornade cause trois pertes de vie, Mme Georges-Étienne St-Laurent ainsi que ses deux jumeaux Patrice et Patricia, qui feront l’objet d’une cérémonie émouvante. Quant aux blessés, ils sont transportés à l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville. Le village voisin de Saint-David encaisse aussi des dommages mineurs. Un peu plus tard, une quatrième victime périt des suites de ses blessures, Léopold Audet, âgé de 72 ans. Les pertes sont immenses, les dommages s’élevant à trois millions : une centaine de maisons touchées, dont une quarantaine à moitié ou entièrement démolies, l’école et l’église, plusieurs fermes et commerces gravement endommagés, comme la scierie, la tourbière et le principal établissement du village, l’Épicerie Vincent, qui subit...

Avec la baisse de la pratique religieuse au Québec, certains métiers sont pratiquement disparus dont celui de peintre-décorateur d’églises. Ce métier a fait vivre plusieurs familles de la région pendant deux décennies. Voici l’histoire d’une belle réussite. Vers 1948, pour peindre la grande église néogothique de Saint-Germain-de-Grantham, Germain Vallée démarra un petite entreprise de lavage, peinture et décoration d’église. La première étape fut d’installer des échafauds de bois et d’engager quelques compagnons, le secrétariat et la comptabilité étant assuré par son épouse, Gilberte Grandmont. À la fin de ce premier contrat, le curé Roméo Salois, satisfait du travail accompli, souhaite à cette petite équipe la meilleure des chances, après le traditionnel sermon dominical. Vingt ans plus tard, cette équipe de peintres-décorateurs avait pratiquement fait le tour des églises du Centre-du-Québec, de la Montérégie et des Cantons-de-l’Est, de Ste-Monique de Nicolet, à Varennes en passant par Notre-Dame-de-Stanbridge. L’équipe de base était constitué de Gérard et Jean-Paul Rhéaume, de Claude et Gatien Tessier, puis se sont ajoutés au fil des années, Antoine Champagne, René Timmons, Donat Chagnon, Armand Gauthier, Urbain Joyal, André, Georges et Raymond Lemaire, Rolland Leblanc, Yves Houle, Laurier Limoges, Léonard, René et Rosario Cusson. Ce dernier a acheté les échafauds de...

Après la Première Guerre, les divertissements de masse sont nés : la radio et le cinéma. Avant l’apparition des premiers « théâtres », des séances de cinéma muet sont tenues au sous-sol de l’église Saint-Frédéric. Le curé encourage alors les gens à assister à la projection d’œuvres qu’il a d’abord soigneusement … censurées ! Trois premiers cinéma sont fondés de 1910 à 1915 : le Royal (sur la rue Heriot) le Bijou (aussi situé sur la rue Heriot) et le Rialto (rue Cockburn). À noter qu’à l’époque, on va plus communément au « théâtre » qu’au cinéma. Il faut dire que la frontière n’est pas toujours très claire entre les deux, les fameux théâtres présentant à la fois des films, des spectacles et des pièces dramatiques. Avec le retour en force de la population anglophone dans les années 1920, le Rialto ne présente en 1933 que deux séances par semaine de projection en français. En 1937, deux nouveaux cinémas, le Capitol et le Drummond, ouvrent leurs portes. Avec une meilleure qualité d’acoustique et de projection et un plus grand nombre de sièges, ces salles offrent toute une amélioration sur leurs concurrents, le Capitol notamment, dont la façade, la marquise et les sièges de cuir rouge, ont eu...

Après avoir œuvré pendant plus d’un siècle à Drummondville, les Frères de la Charité, en quittant le 30 juin prochain, laissent un immense héritage à toute la population. Tout a débuté il y a 103 ans, en 1906 : à l’invitation du président de la commission scolaire de l’époque, Napoléon Garceau, les Frères de la Charité arrivent ici fonder un collège commercial et un juvénat. Ils achètent un grand domaine qui va de la rue Hériot à la rivière Saint-François et y construisent le premier collège Saint-Frédéric qui reçoit, dès la mi-septembre 1906, un premier contingent de 40 internes, 50 externes et 30 juvénistes. Dès 1907, les Frères de la Charité prennent charge de l’école Garceau de la rue Brock. Plus encore, ils lancent en 1928, rue des Écoles, la 2e école Saint-Frédéric qui se nomme Académie David jusqu’en 1935. Plus que les édifices, c’est toute l’œuvre des Frères de la Charité qui es immense. Non seulement enseignent-ils aux garçons toutes les matières académiques de l’époque, l’initiation au commerce et aux affaires, mais encore s’impliquent-ils avec bonheur dans des domaines aussi variés que la recherche historique, la généalogie et les sports. Ainsi, le Frère Côme Saint-Germain a réalisé une étude très fouillée sur les...

Député à l’Assemblée législative et maire de Drummondville, William John Watts construit au cœur de la basse ville, en 1881, la résidence qui accueillera sa nouvelle épouse Mary Louisa. Le couple a choisi une maison vernaculaire, dite québécoise, bien adaptée à la froidure des hivers canadiens par ses fondations creusées et le carré surhaussé. Sur le flanc occidental de la maison, il a aménagé un jardin entouré d’une haute palissade. Petit incident de 1898 « Le jardinier qui prenait soin du domaine, s’apercevait que les pommes disparaissaient bien vite; alors pour reconnaître les mécréants qui venaient les voler, il imagina d’arroser les pommiers avec une solution d’un vomitif, et, le lendemain, il pourrait identifier les voleurs. Le village n’était alors qu’une petite agglomération de gens qui tous se connaissaient entre eux. Mais M. Watts avait un jeune fils d’une douzaine d’années appelé Bob, et qui fréquentait l’école avec les garçons du village. Bob avertit donc ses amis de bien laver les pommes quand ils viendraient en voler, pour éviter d’être malades et démasqués. Et c’est ainsi que le jardinier ne put identifier les voleurs de pommes, malgré sa grande ingéniosité. » Extrait tiré du livre Drummondville 150 ans de vie quotidienne au cœur...

Le 10 septembre 1939, le Canada déclarait la guerre à l’Allemagne. Pour assurer l’efficacité de l’effort de guerre, le premier ministre Mackenzie King fit adopter en juin 1940 un projet de loi pour faire l’inventaire des ressources humaines du pays : l'opération fut appelée «enregistrement national» et permettrait entre autres au gouvernement d’imposer le service militaire mais uniquement pour servir au Canada. Les 19, 20 et 21 août 1940, tous les Canadiens âgés de 16 ans et plus étaient tenus de s'inscrire dans les bureaux de leur circonscription; chacun devrait par la suite porter son certificat sur lui. L'opération de l'enregistrement eut cependant des effets inattendus. Le gouvernement annonça le vendredi 12 juillet que les premiers appelés sous les armes seraient les célibataires, c’est-à-dire les hommes non mariés le 15 juillet; néanmoins, après un certain temps, les hommes mariés devraient aussi subir leur entraînement. Il semble que la population n'ait entendu que la première partie du message… À Drummondville le 14 juillet 1940, veille de la date fatidique, eut lieu une véritable course au mariage. On a célébré ce dimanche-là, à toute heure de la journée et de la soirée, pas moins de 68 mariages dans les quatre églises catholiques de...

Nous voici à Drummondville, ce dimanche de Pâques 8 avril 1928, il y a tout juste 81 ans! Le temps est nuageux et doux quand, vers 13h00, la débâcle survient sur la rivière Saint-François. Les eaux en crue, charriant une multitude de blocs de glace avec fracas, attirent une foule de curieux au formidable spectacle qui se déroule sous leurs yeux. Des centaines de personnes, à l’extrémité des rues DuPont, Bellevue, Bérard et autres, réalisent tout-à-coup avec stupeur que le pont du chemin de fer du Canadien National chancelle et est en train de s’effondrer. Tous supposent que les autorités ferroviaires ont avisé les conducteurs de trains de l’imminence du danger. De l’autre côté de la rivière, Chemin Hemming, les sœurs Martel pensent la même chose : Malvina (mariée à Donat Grondin) et Régina (à Napoléon Bernier) quant tout-à-coup, un peu avant 16 heures, elles entendent venir le train de passagers de l’Océan Limitée en provenance d’Halifax, qui siffle en passant à Saint-Cyrille. C’est jour de fête, il doit être bondé de passagers… Faisant preuve d’une admirable présence d’esprit, elles s’emparent de tout ce qui leur tombe sous la main : un tablier blanc, une jupe rouge, et partent en courant sur...

À une époque où l’on tente de limiter la circulation automobile, il est intéressant de se rappeler les débuts du transport en commun par autobus à Drummondvillle. En 1926, Donat Bourgeois décide de se lancer en affaires en compagnie de son épouse. Après s’être implanté d’abord entre Saint-Léonard-d’Aston et Sainte-Angèle-de-Laval, puis à Nicolet, il « transporte » son entreprise à Drummondville en 1929. Il fait alors fi de la crise économique en augmentant le nombre de ses autobus dans les environs. Malgré la conjoncture économique précaire, il démarre en 1939 un service de transport en commun entre les quartiers de Saint-Joseph, de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Simon et le parc Saint-Frédéric. Le service est même prolongé aux heures de pointe vers Saint-Cyrille, Saint-Germain et Saint-Nicéphore. Après avoir obtenu en 1945 un permis pour la liaison Drummondville-Montréal, la compagnie dessert dès l’année suivante des localités telles Saint-Hyacinthe, Asbestos, Richmond et Sherbrooke, et ce, jusqu’à Montréal. Deux ans plus tard, le terminus actuel de la rue Heriot est bâti sur le site de l’ancien poste de police et d’incendie, facile à repérer avec son ancien séchoir à boyaux. L’environnement du transport en commun a bien changé depuis son instauration en 1939. En mars 1969, Les Autobus...

Né le 8 mai 1870 dans le 4e rang de Drummondville, Joseph Lemire abandonne l’école à 13 ans. De faible constitution, cet autodidacte a peu d’attrait pour le travail de la terre. Cherchant la nouveauté, il installe en 1892, à 22 ans, le premier téléphone de Drummondville avant d’acquérir en 1905 la première automobile de la localité. Parmi les inventions de ce « patenteux » hors pair, mentionnons la conception de signaux lumineux automatiques pour remplacer les vétustes sémaphores (sirènes de chemin de fer), d’un moulin à vent, d’une horloge électrique et à batterie, d’un mécanisme pour actionner les cloches d’église, d’un aérateur à lait, d’un arc à souder ultrarapide, d’un système d’alarme à circuit fermé, d’une pipe à jus, et même d’un tue-mouches pour attraper les moustiques au plafond ! Époux de Mary Fleurent avec qui il convola à l’église Saint-Frédéric le 29 juin 1896, Joseph Lemire est le père de 8 garçons et 3 filles. Il décède le 5 septembre 1953 à 83 ans. Ses concitoyens de Drummondville lui réservent alors d’imposantes funérailles. Son épouse le suivra dans la tombe le 1er février 1960. Jusqu’à son dernier repos, Joseph Lemire semble avoir imaginé de nouvelles inventions, dont une hélice...