Au début du 20e siècle, trois théâtres tentent de s’implanter à Drummondville, soit le Bijou rue Heriot, le Rialto rue Cockburn et le Royal rue Saint-Marcel, dans le haut de la ville. L’aventure du Rialto commence bien modestement en 1915. Ephrem Archambault a converti une partie de son magasin général en salle de projection. C’est l’époque du cinéma muet. Un pianiste amateur interprète des pièces à la mode : valse, polka, fox-trot, en suivant l’allure plus ou moins rapide du film. En 1922, devant l’engouement pour les vues animées, monsieur Archambault réduit la portion occupée par son magasin au bénéfice du théâtre. Un piano automatique déroule les pièces de répertoire devant les spectateurs s’émerveillant des prouesses des cowboys sur fond de montagnes Rocheuses. En janvier 1927, les propriétaires du Rialto et du Royal forment une société du nom de Théâtre Rialto & Cie. Le Royal est converti en salle publique. L’avènement des films sonores entraîne des investissements importants, tel l’achat d’un nouveau projecteur diffusant 24 images par seconde, plutôt que 16 pour les films muets. Le théâtre est fermé le dimanche, jour du Seigneur oblige, comme partout ailleurs en province. L’entrée est de 40¢, duquel montant sont retranchés 5¢ pour la taxe sur...

  Durant les années 1920-1930, la population de Drummondville augmente de façon considérable avec l’établissement de plusieurs usines de textile dans la région. Cette augmentation provoque entre autres le développement des arts et de la culture, tel que le cinéma. Précédé par le Théâtre Rialto, le Théâtre Royal et le Théâtre Bijou, le Théâtre Drummond éclipse rapidement ses prédécesseurs pour devenir le cinéma le plus populaire en ville. La construction du Théâtre Drummond débute en 1936 selon les plans de l’architecte montréalais Raoul Gariépy. Après avoir éprouvé quelques retards dans les travaux, les propriétaires D. A. Burpee et Maurice West, de Burpee & West Entreprises, annoncent dans les journaux locaux l’ouverture tant attendue du nouveau théâtre de la rue Lindsay, prévue le 19 janvier 1937. Pour sa première soirée, des centaines de cinéphiles viennent assister à la représentation du film américain « Born to Dance » mettant en vedette Eleanor Powell. Accueillis par sa façade blanche ornée de motifs noirs et rouges rectilignes et sa marquise massive, les spectateurs entrent afin de patienter dans les deux salles d’attente du bâtiment. Derrière les grandes portes de bois se cachent une salle de projection gigantesque dotée d’un système de ventilation et de chauffage, 738 sièges confortables,...

  Au Québec, en vertu de la Loi sur la tempérance du Canada de 1885, dite Loi Scott, aucun permis de vente d’alcool au détail ne peut être émis sauf à des fins médicales ou sacramentelles. Dans le comté de Drummond, un référendum entraîne le rappel de ladite loi dès 1892. Le conseil municipal de Drummondville, sous la pression du clergé, limite cependant à quatre le nombre d’hôtels permis sur le territoire et fixe à 200$ le coût annuel d’une licence d’exploitation. De plus, il interdit la vente de spiritueux le dimanche et les jours de fête, sauf sur présentation d’un certificat signé par un médecin et contresigné par le curé de la paroisse Saint-Frédéric ou le pasteur anglican. En tout temps, les mineurs et les ivrognes reconnus sont contraints de s’abstenir. Enfin, l’heure de fermeture des bars est fixée à 23h00. Les quatre hôtels désignés par le conseil municipal s’alignent sur la rue Heriot. Le plus ancien, l’Hôtel Boisvert, aussi connu sous le nom de Drummondville Hotel, est situé du côté nord, en face de la rue Loring. Les trois autres sont construits du côté sud, soit le Grand Central, à l’intersection de la rue Cockburn, l’American House, en face de l’Église...

  C’est en 1896 que la Ville achète une centrale privée qui transforme le courant de la rivière Saint-François en électricité à la hauteur des chutes Lord, près du pont de chemin de fer. Dès le départ, la Ville doit investir pour augmenter la capacité des installations. Dans les années qui suivent, beaucoup d’argent est injecté dans cette entreprise, ce qui a pour effet de plomber le budget de la Ville. Au début de février 1914, les citoyens de Drummondville élisent un nouveau conseil de ville dirigé par l’industriel Alexandre Mercure. Ce dernier croit qu’il est maintenant dans l’intérêt de la Ville de revendre à l’entreprise privée son « pouvoir d’eau ». Peu de temps après, la Ville reçoit de la Southern Canada Power, une compagnie d’électricité œuvrant dans les Cantons de l’Est, une offre d’achat de ses installations hydroélectriques. Le 24 avril 1914, le conseil adopte le Règlement numéro 19 qui lui permet de vendre à la Southern Canada Power son « pouvoir d’eau ». Mais cette décision ne fait pas l’unanimité parmi les citoyens. Plusieurs d’entre eux demandent et obtiennent qu’un vote des propriétaires de la ville soit tenu le 20 mai sur la question. Pour que les parties puissent présenter leurs arguments à la...

  Nos vies réglées souvent à la minute près nous font facilement oublier que nos ancêtres vivaient à un rythme ordonné par la position du soleil dans le ciel. La journée était divisée en deux périodes égales d’ensoleillement auxquelles on réfère encore aujourd’hui au Québec par l’avant-midi et l’après-midi, midi étant le moment où le soleil est à son zénith. Jusque dans les années 1880, chaque ville au Canada avait son heure locale. Peu de gens disposaient d’horloges, encore moins de montres de poche. C’était la cloche de l’église qui marquait le temps en sonnant l’angélus trois fois par jour, à 6 heures du matin, à midi et à 6 heures du soir. L’arrivée des chemins de fer a rapidement bousculé le rapport des citoyens au temps. La multiplicité des heures locales créait une confusion importante tant chez les voyageurs que chez les gestionnaires des réseaux ferroviaires. C’est pourquoi les grandes compagnies de chemin de fer du Canada et des États-Unis ont imposé à partir de 1883 l’usage de fuseaux horaires à travers le continent. Au Québec, ce cadre a été rendu légal par plusieurs lois promulguées durant les années 1920, dont la Loi de l’avance de l’heure de 1924, qui permet aux...

  Durant la première moitié du XXe siècle, le rôle des femmes dans la société occidentale se limite, officiellement, à être mère de famille et rester à la maison. Sans surprise, Drummondville ne fait pas exception à cette généralité et il est facile de le constater en consultant le principal journal de la région, La Parole. À titre d’exemples, en 1927, on s’attend à ce que les femmes soient au foyer « où elles se rendent aussi utiles à leur patrie que les hommes », puis, en 1930, la vraie femme est décrite comme « l’éternelle rêveuse du foyer et du nid », et en août 1931, on rappelle que « comme mère ou comme épouse, c’est la femme qui est l’élément central de la famille ». En marge de cet idéal féminin, le travail salarié des femmes est un enjeu qui est souvent abordé au Québec et à Drummondville au cours de la même décennie. En 1933 et en 1934, La Parole rapporte d’ailleurs que certains voient le travail féminin comme « essentiel à la vie économique », alors que d’autres s’y opposent en indiquant que les femmes « rendraient un grand service à la société en restant chez elles pour...

  Drummondville, au-delà du Triangle La crise du verglas de 1998 fut l’une des plus importantes tempêtes de notre époque, frappant plus de la moitié des régions urbaines du Québec et causant plusieurs décès. Les effets de cette tempête se font toujours sentir des années plus tard dans plusieurs secteurs économiques tels que les industries agricoles, laitières et érablières. La zone la plus touchée fut celle que l’on appelle « Le Triangle noir » composé de Saint-Jean-sur-Richelieu Saint-Hyacinthe et Granby. Toutefois, la situation à Drummondville atteint également l’état d’urgence considérant les 80 à 100 mm de pluie verglaçante recouvrant dès lors la MRC. Heureusement, plusieurs citoyens devinrent des héros locaux et permirent à la ville de se redresser de cette catastrophe naturelle. L’état d’urgence Dans la nuit du 4 janvier 1998, des vents chauds en provenance du Texas rencontrent dans le sud-ouest du Québec des vents froids originaires de Sept-Îles. La tempête se poursuit la nuit suivante, privant près de 60 000 Drummondvillois d’électricité et forçant de nombreux citoyens à quitter leur domicile en raison du froid et des arbres qui menacent de s’effondrer sur leur maison. De plus, les rues longeant la rivière Saint-François vers St-Nicéphore sont inondées en raison du surplus d’eau provenant de Sherbrooke, de Richmond et...

Né le 18 janvier 1878 à Saint-Grégoire, dans le comté de Nicolet, Joseph-Ovila Montplaisir est le fils de Stanislas Montplaisir (1854-1916), de Saint-Grégoire, et de Sara Poliquin (1858-1943), de Gentilly. Même s’il ne fait que de brèves études commerciales à l’école de son village, administrée par les Frères des Écoles chrétiennes, il y développe un sens aigu des affaires qui lui servira, sans nul doute, au cours de sa carrière. La famille Montplaisir pose ses pénates à Drummondville en février 1897. Doté d’un bon esprit d’initiative et d’un optimisme sans faille, le fils Joseph-Ovila, âgé de 19 ans, se lance en affaires dans le domaine de l’alimentation et réussit rapidement à y faire sa place. En 1901, l’entrepreneur crée une révolution en vendant des friandises à d’autres périodes que le temps des Fêtes, puis en introduisant, sur le marché alimentaire drummondvillois, les nouveaux produits que sont les bananes et la crème glacée. L’année suivante, le jeune homme épouse Amanda Milot (1882-1949), fille de Charles Milot (1850-1932), commerçant de Sainte-Monique, et de Julie Beauchemin (1855-1924). De cette union naissent dix enfants entre 1904 et 1922, soient cinq filles et cinq garçons. Devenu épicier en gros, Montplaisir vend son local de la rue Lindsay...

  Lors de la fondation de Drummondville en 1815, plusieurs vétérans de la Guerre de 1812 se voient attribués des concessions dans les cantons du bas Saint-François grâce à l’intermédiaire du surintendant désigné par la Couronne britannique, Frederick George Heriot. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la colonie naissante est multiethnique. En effet, les premiers colons de 1815 sont principalement d’origine irlandaise, écossaise et anglaise, alors que ceux arrivés en 1816 sont de nationalité suisse, italienne, allemande, polonaise et française. Plus de 250 vétérans participent ainsi aux débuts de Drummondville, en commençant par l’aménagement de la place d’Armes où sont construites trois baraques. Ces casernes rudimentaires servent d’abord d’espace d’entreposage pour les vivres, les outils et les armes, mais jouent aussi un rôle central dans la communauté, notamment en devenant le premier lieu de culte de la colonie, tant pour les anglicans que pour les catholiques. Rapidement, le bâtiment utilisé comme chapelle multiconfessionnelle s’avère trop petit pour tenir les offices religieux. Souhaitant favoriser l’harmonie entre ses concitoyens, Heriot offre aux deux principales confessions religieuses de la colonie un terrain permettant l’érection de leur église. Nées de la volonté d’Heriot de respecter la foi de tout un chacun, les premières églises immortalisent...

  Les bâtiments patrimoniaux sont en quelque sorte des représentations architecturales de nos souvenirs. Ils sont également des repères matériels qui confèrent aux villes leur identité singulière. En ce sens, lorsque les maisons ancestrales, les vieux magasins généraux et les petites églises de quartier disparaissent, que ce soit par le feu ou par le pic des démolisseurs, c’est aussi une partie de notre mémoire collective qui s’éteint. Au centre-ville de Drummondville, comme dans plusieurs autres villes et villages du Québec, les bâtiments d’intérêt patrimonial disparus sont nombreux, si bien que lorsque l’on regarde une photographie ancienne mettant en scène le parc Saint-Frédéric, en 1919, on peine aujourd’hui à reconnaître l’endroit. À cette époque, ce lieu névralgique de rencontre de nos ancêtres était ceinturé par l’Hôtel des postes, la résidence bourgeoise du juge Joseph Marier, la petite maison blanche du docteur Ulric Gill, l’édifice commercial de la Southern Canada Power, la succursale locale de la Banque canadienne de commerce, l’hôtel Manoir Drummond, le Bureau d’enregistrement, l’Église catholique Saint-Frédéric et son presbytère. Cet espace, situé à la croisée des chemins reliant la basse-ville et la haute-ville, dans le quadrilatère des rues Heriot, Girouard, Brock et Marchand (autrefois du Couvent), représente ce qu’il est convenu...