WOODYATT : Amérindien? Américain? Britannique?

Aucune de ces réponses n’est bonne. Le nom Woodyatt, bien connu des utilisateurs du parc du centre-ville, rappelle la mémoire d’un canadien, soit James Blain Woodyatt, né en 1886 à Brantford (Ontario).

Ses études terminées au Collegiate Institute de sa ville natale, Woodyatt s’inscrit à l’université McGill qui lui délivre, en 1905, un diplôme en génie électrique.  En 1913, il rejoint la Southern Canada Power Co (SCP), une jeune entreprise mise sur pied pour la production et la distribution d’électricité dans plusieurs villes du Sud-Est du Québec.  Au sein de la SCP, Woodyatt s’impose par ses qualités d’administrateur et d’entraineur d’hommes.  À peine âgé de 30 ans, il est nommé directeur général et membre du Conseil d’administration.

Un parc récréatif

Woodyatt arrive à Drummondville alors que la SCP se porte acquéreur de l’usine électrique et du réseau de distribution municipal.  Il entreprend, sans tarder, la construction d’un nouveau barrage sur la chute Lord et d’une première centrale qui entrera en service en 1919.

Parallèlement à ses efforts de mise en valeur du complexe hydro-électrique, Woodyatt envisage de transformer en un parc public le vaste terrain s’étendant de la voie du chemin de fer jusqu’à la rue Saint-Georges.  Il favorise l’installation d’équipements sportifs tels la patinoire dite « en bas de chez Schaefer », deux courts de tennis et un jeu de croquet.

En 1929, la route nationale reliant Montréal à Québec (qui longeait jusque-là la rivière Saint-François) est déplacée pour suivre plutôt le pied du talus.  Après quelques travaux d’aménagement, dont l’enfouissement des ordures accumulées depuis des décennies dans le bas de la côte du Manoir, le parc est ouvert au public en 1930.  On le désigne dès lors sous le nom de « Parc Woodyatt ».

Les négociations en vue de rétrocéder le parc Woodyatt à la Ville de Drummondville échouent à plusieurs reprises.  Une première entente conduit, en 1960, à la signature d’un bail pour une période de 90 ans, moyennant un loyer annuel de 5,00 $.  Le bail est abrogé et remplacé par un acte de vente enregistré en 1967.  La ville sera dorénavant propriétaire des sept hectares et des équipements sportifs du parc Woodyatt;  à cette fin, elle verse la somme de 36 683 $, soit 0,05 $ le pied carré.

Le jardin boisé légué par la SCP a été enrichi de nombreux équipements sportifs et récréatifs au cours des 50 dernières années.  Là réside, d’ailleurs, tout le défi de sa mise en valeur : sauvegarder la qualité de vie sans freiner le développement.

Yolande Allard

 

Photo  : Les joies de l’hiver dans le parc Woodyatt, vers 1930 (SHD, Collection régionale; IC-5.2D1)