Un deuxième appel

Reportons-nous à l’été 1815.  Dès que leurs barques accostent aux îles de l’actuel parc Woodyatt, les militaires dirigés par le lieutenant-colonel Frederick George Heriot troquent leurs armes pour des haches, des pioches, des pelles…  Leur première tâche est celle de déboiser sur le haut du coteau, un espace suffisamment grand pour y construire trois baraques dans lesquelles ils entreposent les vivres, les outils, les armes et les munitions obtenus du gouvernement britannique pour tenir le coup durant les prochains mois.  On désigne dès lors l’endroit sous le nom de « la place d’Armes ».

Les camps de bois rond

Les baraques élevées, nos soldats s’enfoncent dans la forêt pour défricher les lopins de terre qui leur ont été concédés.  Ils y bâtissent des camps rudimentaires meublés de poêles à tuyau, de tables et de paillasses.  Vers la fin d’août 1815, une centaine de familles habitent déjà dans la région sur des lots parfois très éloignés des baraques censées leur fournir les denrées et les biens essentiels à leur survie.

La famine de 1816

Le printemps suivant, nos vétérans sèment du grain entre les souches et plantent des patates dans des trous creusés à la pioche. Cependant, 1816 est « l’année sans été » marquée par une très forte tempête de neige au début de juin et des gelées pendant tous les mois de l’année.  Celles de la fin d’août compromettent définitivement une récolte qui s’annonçait déjà mauvaise.

En haut lieu, on a prévu des rations que pour une période de six mois.  Selon l’historien-généalogiste Maurice Vallée, « Cette gestion improvisée apporte famine et indigence chez les familles des vétérans, sans parler des décès prématurés de jeunes enfants.  Plusieurs abandonnent la colonie de la rivière Saint-François après quelques mois de travail ».  Et d’ajouter: « Les historiens ont expliqué ces départs par le manque de connaissances agraires des vétérans.  La vérité est tout autre.  La Couronne britannique a abandonné ces familles, sans nourriture, aux confins des terres habitées ».

La résilience en héritage

Malgré ces épreuves, quelque 166 familles s’entêteront à habiter notre région.  Et ce sont LEURS DESCENDANTS que la Société d’histoire de Drummond tente de retracer en partenariat avec la Société de généalogie de Drummondville.  Si vous êtes l’un-e d’entre eux, téléphonez au plus tôt au (819) 474-2318.

Yolande Allard

Visuel P181_D7_P04.jpg: Vue de la rivière Saint-François, en 1938. (SHD, Fonds Lorne Cavell Elder; P181; P181_D7_P04)