Un bon contrat de travail : cela va de «soie»!

     Le 16 février 1948 en soirée, les quelque 400 ouvriers de la Butterfly Hosiery Company Limited, une entreprise de Drummondville spécialisée dans la fabrication de bas de soie, quittent la manufacture et déclarent la grève. Par cette action, ils réclament une nouvelle convention collective qui tarde à être signée et qui leur assurerait de meilleures conditions de travail. Le débrayage dure 7 semaines et se ponctue d’un seul incident majeur, soit la molestation de M. L.W. Marceau, le surintendant de l’usine.

Une ligne de piquetage tricotée serrée

     Le lendemain du débrayage, le piquetage s’organise et les seules personnes admises à la manufacture sont le gérant, l’assistant-gérant, l’ingénieur, le gardien et le préposé à l’entretien. Tout se passe dans l’ordre. Un seul incident notable se produit alors que M. Marceau tente de franchir la ligne de piquetage des grévistes pour entrer à l’usine. Il est alors encerclé et «reconduit» à la gare du Canadien National où on le force à prendre le train en direction de Montréal.

     Si les journaux de l’époque restent muets quant aux circonstances de cet événement, une note manuscrite tirée du fonds d’archives de Mme Thérèse Janelle est assez révélatrice : «Vers 5 heure, L.W. Marceau sortait de l’usine. Il a été poursuivi par un groupe de manifestants stationnés près de la rue du C.P.R. et fut gravement molesté avant l’intervention de la police». Les jours suivants, le calme est rétabli aux abords de la manufacture, mais l’aboutissement d’un règlement reste incertain alors que M. Weaver, le gérant général de l’usine, annonce que les négociations sont rompues et que des actions seront prises contre l’Association des employés du bas façonné. Le conflit se transporte alors devant les tribunaux et l’impasse perdure jusqu’à l’intervention de M. Robert Bernard, échevin et député de Drummond, à la fin du mois de mars. Ce dernier organise alors une première entrevue à son bureau entre la compagnie et l’association en vue d’une reprise rapide des négociations. Puis, faisant preuve de diplomatie, il réussit à ramener progressivement les parties syndicale et patronale sur le chemin de la bonne entente.

Un bilan positif

     Après plusieurs jours de négociations, les délégués de la Butterfly et de l’Association en viennent à une entente finale et la convention est signée séance tenante, le 3 avril. Les tricoteurs obtiennent ainsi une augmentation de salaire de 15% et plusieurs autres améliorations relatives aux vacances et aux journées fériées. Le lundi 5 avril au matin, les employés de la Butterfly Hosiery Co. retournent à leur besogne après 7 semaines de grève et la production de la manufacture reprend finalement son cours normal.

Martin Bergevin

SOURCES : Journal La Parole, février-avril 1948; SHD, Fonds Thérèse Janelle; P49