Quand tombe un soldat canadien: Étienne Fréchette

Plus de soixante mille soldats canadiens, de toutes les provinces, sont tombés au combat lors de la Première Guerre mondiale. Au Québec, comme ailleurs au Canada,  les familles éprouvées par la disparition d’un proche tué sur un champ de bataille européen sont nombreuses. La famille Fréchette, de Saint-Eugène-de-Grantham, est l’une de celles-là.

Pierre Fréchette est originaire de Saint-Ours. Cultivateur de son état, il a presque trente ans lorsqu’il épouse Henriette Cournoyer le 24 octobre 1876. Après le mariage, le couple s’installe à Saint-Germain-de-Grantham, pour quelque temps, puis sur un petit lopin de terre, à Saint-Eugène. Henriette donne naissance à dix enfants, cinq filles et cinq garçons, dont Étienne.

Étienne est né le 4 septembre 1886. Quatrième bambin de la famille, il grandit sur la ferme de son père en compagnie de ses frères et sœurs. Aventurier, célibataire et sans enfant, il  quitte le nid familial et son village natal pour l’Ouest canadien, en 1907, à l’âge de vingt ans. Armé du courage de la jeunesse, Étienne voyage jusqu’à Entwistle, en Alberta, un hameau fraîchement ouvert à la colonisation. Durant les années suivantes, il défriche son lot, y construit une maison et tient une petite boutique de tabac tout près de la ligne de chemin de fer. En 1911, le jeune aventurier atteint finalement la Colombie-Britannique. Il s’installe à Vancouver, puis à Esquimalt, près de Victoria, où il travaille comme mineur. À l’été 1914, les grandes puissances s’affrontent en Europe. La Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne et les Canadiens de toutes les provinces sont appelés à servir sous les drapeaux.

Étienne Fréchette a vingt-sept ans au moment du déclenchement de la Grande Guerre. Volontaire des premiers instants, il intègre les forces armées dès janvier 1915, puis joint les rangs du Corps expéditionnaire canadien en mars 1916. Après son entraînement à la base de Work Point Barracks, Étienne fait la traversée de l’Atlantique en juillet à bord du S.S. Olympie vers l’Angleterre où il attend les ordres. À l’automne, il franchit la Manche avec ses compagnons d’armes du 4e Bataillon et atteint finalement la France, le 28 août. Selon son carnet de solde, le soldat Étienne Fréchette, matricule 478920 du C.E.C., quitte peu après son baraquement pour se rendre au front. Il meurt durant la grande bataille de la Somme, le 8 octobre 1916, à l’âge de trente ans.

L’histoire des Fréchette, tombée dans l’oubli, côtoie celle de plusieurs autres familles. Il n’en revient qu’à vous, chers lecteurs, de faire revivre le récit de ces héros en léguant à la SHD les archives de vos ancêtres ayant combattu lors de la Grande Guerre.