Majorique Marchand, curé de Drummondville (1865-1889)

Depuis la fondation de la paroisse Saint-Frédéric en 1856, Majorique Marchand est le curé qui a exercé le plus longtemps son ministère dans cette paroisse, soit pendant 24 ans. 

Né à Batiscan en 1838, il est ordonné prêtre en 1862 et nommé curé de Saint-Frédéric en 1865 par Mgr Laflèche, évêque du diocèse de Trois-Rivières, dont Drummondville fait alors partie. Il a fort à faire pour prendre soin de ses ouailles (1400 en 1884); la messe quotidienne, les vêpres, la semaine sainte, le mois de Marie, les retraites… occupent déjà une bonne partie de son temps. Il faut également consacrer un mois à l’enseignement du catéchisme aux enfants de 10-12 ans pour les préparer à la première communion; il leur faut apprendre le catéchisme mot à mot, sinon on risquerait de « faire des hérésies sans le vouloir ». Le curé passe des journées entières à entendre les confessions des fidèles, particulièrement à la Toussaint et à Pâques. Mais ce qu’il trouve le plus pénible, c’est de confesser les enfants, avec qui il doit éviter d’évoquer des péchés qu’ils n’ont même pas imaginés… 

Les paroissiens causent du souci au prêtre, comme les cinq ou six familles qui ne vont jamais à l’église (1885), la douzaine de fidèles qui ne font pas leurs Pâques en 1888, ceux qui ne paient pas leur dîme ou qui ne respectent pas l’obligation du jeûne et de l’abstinence. Il déplore également ce qu’il considère comme une vraie plaie, les mariages mixtes, entre catholiques et protestants (une vingtaine), car ces gens négligent leurs devoirs religieux. Marchand passe des heures à recevoir ses paroissiens, jusqu’à une cinquantaine dans la journée qui viennent le consulter pour toutes sortes de raisons, demander conseil, solliciter une bénédiction ou une faveur. Il a d’ailleurs souvent  l’impression de perdre son temps avec des gens qui étirent la conversation pour l’entretenir de sujets futiles. 

Le curé veille de près à la moralité des paroissiens. L’abus de l’alcool est objet de bien des mises en garde; la paroisse semble assez épargnée par ce fléau, car on ne dénombre en 1873 que trois ou quatre ivrognes, qui se convertissent de temps en temps, mais qui « retombent de temps en temps aussi ». Il faut surveiller de près les fréquentations des jeunes gens, qui parfois s’éternisent et favorisent la promiscuité.  Néanmoins, aux dires de son successeur Henri Alexandre « Il règne ici un profond esprit de piété, fruit béni des travaux de mon vénéré prédécesseur ».

Marchand se résigne à la séparation du diocèse de Nicolet en 1885 et accepte de bonne grâce son affectation à la cure de Gentilly en 1889. Il y décédera en 1905.