L’horodateur

Un horodateur est une horloge destinée à imprimer la date et l’heure sur une carte ou une fiche. Aujourd’hui il est surtout utilisé pour vérifier les présences des employés dans les usines ainsi que dans beaucoup de stationnements payants pour véhicules.

La photo montre un objet cylindrique dans lequel il y a une feuille sur laquelle sont imprimées les heures. On y introduisait une clé située dans une petite boîte métallique accrochée au mur d’un appartement ou d’un entrepôt et en la tournant, l’heure s’inscrivait sur la feuille. Dans les entreprises, les horodateurs de cette génération ont été remplacés par les caméras de surveillance.

Au début des années soixante, grâce à mon père, cadre à la Celanese, j’ai obtenu un emploi d’été à l’usine. La première année, on m’a affecté au remplacement des plombiers qui à tour de rôle prenaient leurs vacances estivales. L’année suivante, je me suis retrouvé au département de la police de l’usine.

J’ai alors fait connaissance avec l’horodateur. Il était surtout utilisé la nuit dans les endroits où personne ne travaillait. La clé était toujours située à l’extrémité de l’appartement. Il fallait le traverser de façon à constater si un bris ou un événement quelconque méritait une intervention. Il existait également une ronde extérieure. Le gérant de l’usine demeurait dans ce qui est encore aujourd’hui appelé le carré Celanese. Je prenais ma bicyclette pour m’y rendre, je traversais l’ancienne voie ferrée devenue aujourd’hui le boulevard Saint-Joseph et je poinçonnai l’heure avec la clé située à l’extérieur de sa maison.

Le magasin

Au cours des différentes rondes, je fus très surpris de constater que j’avais les clés pour entrer partout. Entre autres dans le département qui produisait le fil. Ce secteur s’élevait sur plusieurs étages. Dans le vaste appartement du haut, appelé chambre mortuaire, le carton était mélangé avec l’acétone et sûrement d’autres produits secrets. Brassé et chauffé, le liquide était refroidi en descendant jusqu’à l’étage, où le fin jet de liquide devenait un fil de soie qui s’enroulait sur des bobines.

Il y avait également le laboratoire de recherche où tout était secret. Mon père qui a travaillé toute sa vie dans l’usine n’a jamais eu accès à ces locaux. Moi, jeune étudiant universitaire et apprenti policier, j’entrais partout avec mes clés. Je n’étais pas peu fier.

La nuit, un policier était affecté au standard téléphonique. Le patron désignait habituellement l’étudiant. Personne ne m’a expliqué le fonctionnement du système téléphonique. Une foule d’incidents cocasses sont arrivés, mais cela, c’est une autre histoire!

Rémi Blanchard, Club littéraire Les vieilles plumes

VISUEL : Le laboratoire de la Celanese (SHD, Fonds P90-8.1A27)