L’école de la Poudrière… en 1916

En juillet 1915, alors que la population de Drummondville fête le 100e anniversaire de fondation de son paisible hameau, le maire Alexandre Mercure annonce la construction prochaine d’un gigantesque complexe industriel destiné à la fabrication d’une poudre à canon sans fumée.  Une usine qui va embaucher jusqu’à 2500 personnes d’abord recrutées auprès des cultivateurs et des ouvriers de la région.  On fait également appel à des immigrés qui arrivent à Drummondville en train, à raison de 100 à 150 hommes, femmes et enfants par jour.  Ce sont des immigrants d’origines britannique, italienne, polonaise et russe.  L’usine est en activité 24 heures sur 24, six jours par semaine.

On doit songer aux enfants qui errent dans ce tourbillon d’activités.  Dans un local loué 20 $ par mois d’Esdras Dumaine, la Commission scolaire de Grantham ouvre l’école de la Poudrière en septembre 1916.  Cette école est confiée à deux institutrices de mérite mais, au dire de l’inspecteur, «il en faudrait trois vu le grand nombre d’élèves de différentes capacités qui la fréquentent».  Faute de pouvoir monter des cloisons permanentes, on divise l’espace à l’aide de rideaux.

Dans son rapport aux commissaires, à la fin de l’année scolaire 1916-1917, l’inspecteur note: «J’ai constaté un déplacement de la moitié du nombre des élèves inscrits au commencement de l’année; dans ces conditions, le classement est presque impossible et la marche progressive paralysée, malgré le bon vouloir des institutrices».

L’école de la Poudrière sert également aux cérémonies religieuses.  En fin de journée, le vendredi, les élèves empilent le mobilier de classe pour libérer le plus d’espace possible.  La première messe est chantée par le père Bernardi, le 8 octobre 1916.  Bien qu’il ait visité toutes les familles italiennes avant la cérémonie, seuls cinq membres de cette communauté y assistent, auxquels se joignent 220 Canadiens.  À la demande de Mgr Brunault, évêque de Nicolet, la paroisse Saint-Frédéric prend en charge la nouvelle mission de Saint-Simon.  On fixe l’heure de la messe dominicale à 8h30.

Cette cohabitation école-chapelle durera bien au-delà de la fermeture de l’usine de munitions, en 1919.   En effet, ce n’est qu’en 1927 que la «mission» Saint-Simon quittera les lieux afin de cloisonner l’espace en permanence et, ainsi, procurer aux élèves et à leurs maitres des locaux mieux adaptés à l’enseignement.

Yolande Allard

VISUEL : Mlles Janelle et Vincent entourées de leurs élèves.  Quelques-uns ont été identifiés: Edouard Roger, Maurice Bédard, Lucien Dumaine, Alphonse Maher, Albert Blanchette, Alice Biron, Marianna Maher, Irène Brunelle, Éva Bédard, Mérilda Lapointe, Yvette Bédard, Charles-Edouard Lamothe, Matilda Dionne, Cécile Bédard, Lucia Lefebvre, Lucienne Dumaine, Marguerite Maher, Gertrude Blanchette, Mathée Dionne, Marie-Rose Roger, Fabienne Lanoie, Joséphine Bisiosky, Armande Lamothe. (Journal La Parole, 12 mai 1965)