Le soldat-citoyen au fil du temps

Drummondville est fondée par le lieutenant-colonel Frederick George Heriot au début de l’été 1815. Ses premiers habitants sont des vétérans soldats, qui  après avoir servi l’Angleterre lors des campagnes de 1812-1814 contre les Américains, la servent encore, en temps de paix, en colonisant les cantons du Bas Saint-François. Durant les premières années, la colonie conserve un cachet quelque peu militaire avec ses casernes et son champ de manœuvres. Peu à peu cependant, les soldats oublient la carrière des armes pour se consacrer à l’agriculture, à la petite industrie ou au commerce et il n’est plus question de milice à Drummondville durant près d’un siècle.

Lorsque la Grande Guerre éclate, en 1914, quelques braves de la région s’enrôlent et prennent part au conflit en Europe. La question de la milice est soulevée à nouveau, mais reste toutefois sans réponse. C’est plutôt à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, alors que la Réserve de l’armée canadienne s’installe à Drummondville, qu’une milice locale est véritablement réorganisée. Si au début de la colonie, la majorité des miliciens sont des anciens militaires reconvertis en agriculteurs, au cours de 1939-1945 et par la suite, ce sont des citoyens provenant de divers milieux qui forment les rangs de la 19e Compagnie de Génie, puis du 46e Régiment d’Artillerie et du 6e Bataillon Royal 22e Régiment. Ils sont étudiants, policiers, enseignants, ouvriers, etc. Outre les combats, ces soldats-citoyens contribuent, au fil du temps, aux efforts internationaux pour le maintien de la paix. En effet, à la fin des années 1990, le rôle de la Réserve canadienne ne se limite plus au domaine militaire; elle est également mise à contribution comme soutien aux autorités civiles du pays. Le grand verglas en est un bon exemple.

En janvier 1998, le Québec connaît la pire tempête de verglas de son histoire : des toits de maisons s’effondrent sous le poids de la glace; des arbres s’écroulent et obstruent les rues; des millions de foyers sont privés d’éclairage, de chauffage et d’eau courante. Les Forces canadiennes sont alors appelées en renfort. On charge ses membres, réguliers et réservistes, de dégager les routes, venir en aide aux sinistrés, trouver des abris et de la nourriture, rétablir le courant électrique et les moyens de communication. Dans la région, surtout à Saint-Hyacinthe, 121 membres du 6e Bataillon sont mobilisés et participent à la réussite de l’opération. Plusieurs d’entre eux prennent temporairement congé de leurs emplois ou de leurs études pour se consacrer entièrement à leur mission. Ce dévouement est sans doute l’un des plus grands accomplissements de l’histoire de l’unité.

Dernièrement, les principales implications communautaires de la Compagnie B du 6e Bataillon Royal 22e Régiment se résument au support offert aux corps de cadets de Drummondville, ainsi qu’à divers organismes locaux; et à la participation de ses membres aux cérémonies annuelles du Jour du Souvenir. Voilà qui met fin, chers lecteurs, à notre série d’articles portant sur les deux cent ans de vie militaire à Drummondville.