La visionnère

C’est la 2e guerre mondiale. Les salaires sont bons partout sauf dans le textile. Comme le commerce LeMaire Fourrures va bien, Germaine et Hermas décident d’élever des visons et de vendre leurs propres peaux. Ainsi débute une grande aventure.

Hermas LeMaire, en homme prudent, établit son mini-ranch au 673 boulevard Mercure à Drummondville, à l’été 1945. Comme les affaires progressent et vont de mieux en mieux, il décide de déménager ses visons à Hemming’s Falls sur le terrain du Domaine  Guévremont, en face de la petite chapelle Sainte-Thérèse.

C’est en été que la visonnière atteint sa plus grande population, environ 700 visons, chats sauvages et nutrias (castors d’Afrique).

Comme le vison est un animal délicat, sa nourriture doit être fraîche et équilibrée. À toutes les deux semaines, arrivent des centaines de livres de viande de cheval, des caisses de poissons, du poulet et de la moulée. À cette nourriture, on ajoute de l’huile de morue, des vitamines et parfois des médicaments. L’on conserve tous ces aliments dans une chambre froide. Un gros moulin les broie et chaque vison reçoit deux repas par jour, sans oublier de leur apporter de l’eau fraîche et de nettoyer les cages.

Chaque automne, il faut tuer près de 400  visons. Une peau Silver Blue à cette époque pouvait valoir jusqu’à 30.00$ et une Black Diamond jusqu’à 45.00$. À l’hiver, le nombre de visons se réduit à environ 100 visons.

Avec le printemps, revient la période de l’accouplement. Il faut tenir bien en main l’arbre généalogique de chacun des sujets. Deux facteurs mettent fin à l’aventure de l’élevage des visons au Québec : l’arrivée des fourrures synthétiques et l’engouement du public pour la viande chevaline.

À la fin des années 1940, le prix pour les peaux de fourrures baisse d’une façon dramatique à environ 12.00$. Devant le peu de profit que son entreprise rapporte, Hermas LeMaire vend sa visonnière en 1952 et construit au 673 boulevard Mercure, une voûte frigorifique pour l’entreposage de fourrures. Ce fut le début d’une autre belle aventure.

J.-Maurice LeMaire, Céline Soucy LeMaire

 

VISUEL IC-2.5B220 : Publicité de la voûte frigorifique de H. LeMaire. (Collection Céline LeMaire)