La grève des cheminots de 1950

Le 22 août 1950, les quelque 125 000 employés du Canadien National (CN) et du Canadien Pacifique (CP) entrent en grève et réclament de meilleures conditions de travail. Le conflit paralyse les deux réseaux ferroviaires du pays durant neuf jours et se conclut par l’intervention du gouvernement fédéral et le décret d’une loi spéciale forçant le retour au travail des cheminots.

La population déraille

À Drummondville, comme ailleurs, les gares de chemins de fer sont désertes et les employés du CN et du CP, au nombre d’une cinquantaine environ, sont solidaires à leurs compagnons du reste du pays. Dans le journal La Parole du 24 août 1950, un journaliste mentionne toutefois qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter et qu’il est évident que la grève ne durera qu’une semaine tout au plus. Moins optimiste, la population en général semble s’inquiéter des conséquences que pourrait avoir un arrêt de travail prolongé sur l’économie de la ville. Après trois jours, le débrayage ne cause toujours pas d’ennuis sérieux, mais il donne tout de même naissance à bien des commérages. On craint, par exemple, que la grève des travailleurs du rail n’affecte les industries locales au point de les obliger à ralentir leur production et à congédier temporairement une partie de leur main d’œuvre. Certains annoncent même une pénurie de gazoline, la paralysie du système de transport routier, un manque de bois et une disette des denrées alimentaires, mais heureusement il n’en sera rien. Les plus à plaindre sont peut-être les facteurs qui auront la lourde tâche de distribuer les journaux et les colis qui s’accumulent dans les grands entrepôts et qui inondent le bureau de poste de la ville une fois la grève terminée.

Un retour forcé sur la bonne voie

 Le 30 août, le Premier ministre du Canada, Louis Saint-Laurent, convoque une session d’urgence au Parlement et y fait voter une loi spéciale forçant le retour au travail des cheminots. Cette mesure met un terme au conflit qui n’aura finalement duré que neuf jours. En attendant le règlement complet du différend, les employés obtiennent une augmentation de salaire provisoire de quatre cents l’heure. À Drummondville, la fin du débrayage est accueillie avec satisfaction. Le sifflet familier des locomotives se fait entendre dès le lendemain au grand plaisir des voyageurs bondés sur le quai de la gare du CN en attente du convoi qui les conduira à Nicolet. Quant aux employés des chemins de fer, ils sont joyeux de retourner à leur besogne, mais quelque peu désappointés du règlement forcé de la grève.

 Martin Bergevin

VISUEL: La gare du Canadien National, presque déserte, lors d’une autre grève des employés de chemins de fer, en 1973. (SHD, Fonds La Parole; P89-730801-1)