Germain Dionne, cordonnier de quartier

En mai 2013, M. Daniel Dionne a déposé à nos locaux une photographie de finissants du cours classique et commercial de 1938-39, sur laquelle on reconnaît son père. De nature curieuse, je lui ai demandé ce que son père a fait comme métier. Cette question a mené à un don d’archives bien intéressant et à l’histoire qui suit:

Germain Dionne est né le 21 avril 1923 à Windsor, Québec. Fils de Euclide Dionne et Régina Dionne, il passe son enfance (0 à 6 ans) à Windsor puis à Saint-François-du-Lac. La famille s’installe ensuite en Saskatchewan dans le petit village de Willow Bunch, quelques mois avant la grande dépression de 1929.  Germain fait ses études chez les Soeurs Grises jusqu’au printemps 1935. La situation financière de la famille étant toujours précaire, ils reviennent au Québec et choisissent Drummondville où le jeune Germain s’inscrit à un cours commercial qu’il termine en 1939. De 1938 à 1942, il occupe divers postes dans les entreprises locales: Laiterie Lamothe, Butterfly et Dominion Textile. En 1942, après une longue réflexion, il s’engage dans l’apprentissage du métier de cordonnier à Montréal sous l’égide de M. Henri Chaput. Durant cette période d’étude, il fait la rencontre de Mlle Lina Langlois, fille d’Athanase Langlois et Amanda Côté, avec qui se marie dans la paroisse St-Joseph de Drummondville en juin 1944.

C’est en septembre 1946, après la guerre, que Germain Dionne peut enfin ouvrir son propre commerce qu’il tiendra pendant plus de 40 ans au 625 rue Moisan (aujourd’hui du Boulanger). Au fil des années, sa cordonnerie de quartier prend de l’expansion. Il accueille même des étudiants qui veulent acquérir une première expérience de travail ou un peu d’argent de poche en réalisant quelques petits travaux artisanaux.

Toutefois, dans les années 1960, des changements majeurs dans la fabrication des chaussures chambardent les pratiques de cordonnerie. Les souliers en plastique ou autre matière synthétique ne sont plus réparables, si bien qu’en 1970, M. Dionne décide de diminuer de moitié la superficie de son commerce qui occupe dorénavant que la partie ouest au rez-de-chaussée du bâtiment.

Il prend finalement sa retraite en 1987 et vend l’ensemble de son fond de commerce à une dame de Sherbrooke.  Il choisit comme passe-temps le voyage, accompagné de son épouse jusqu’au décès de celle-ci en 2000, puis la danse. M. Dionne s’est éteint le 6 octobre 2012 après une vie bien remplie de travail et bien du chemin de parcouru. Grâce à son fils Daniel, il laisse aujourd’hui une trace de cette histoire dans un fonds d’archives réunissant quelques 18 photographies.

Élaine Bérubé

VISUEL P176-003.jpg : Germain Dionne et son épouse Lina dans l’atelier de la rue Moisan. (SHD, Fonds Germain Dionne; P176-003)