Francis Christman

En 1918, Francis Calvin Christman rencontra à la Bourse de New York Frédéric Tétreau, curé de la paroisse Saint-Frédéric de Drummondville, qui avait exercé son ministère en Nouvelle-Angleterre pendant 17 ans.  Le prêtre convainquit Christman, qui était dans la fabrication de bas de soie, de venir implanter une usine à Drummondville; une centrale électrique construite en 1915 commençait en effet à y attirer les industriels.  La compagnie pourrait ainsi exploiter un vaste marché couvrant l’Ontario, le Québec et les Provinces maritimes.

Francis Calvin Christman était né en Pennsylvanie le 16 septembre 1878 dans la religion luthérienne et avait épousé Mabel Esther Bitting. En 1919, Francis Christman décida de s’installer à Drummondville; il acquit une partie des  terrains des Forges McDougall, fermées depuis 1911 et y fit construire l’usine de la Butterfly Hosiery Company Limited au 412, rue Heriot.  Cette compagnie employa jusqu’à 400 ouvriers et fut en opération jusqu’en 1963.

Il dirigea l’usine jusqu’en 1929, mais la quitta pour fonder sa propre compagnie de bas de soie, la Dominion Hosiery Company Limited, angle Saint-Jean et Des écoles (Eagle Pencil par la suite).  Mais l’affaire tourna court, à la suite du désistement d’un investisseur, dans la foulée du krach boursier de New York.

Christman perdit tout dans l’aventure, et dut emprunter afin d’acheter du charbon pour chauffer la maison pendant l’hiver.  Il ne se laissa pas abattre par cette déconfiture, et se serait même dit soulagé d’être libéré des lourdes responsabilités de chef d’entreprise (« la plus belle chose qui ait pu arriver »). En outre, à 52 ans, il n’avait plus le goût de se lancer en affaires, dans le contexte de la Grande Dépression des années 1930.

Il entra au service de la Dennison (fabricant d’étiquettes et de papier de fantaisie) comme mécanicien en chef et fut chargé du programme des développements mécaniques de la compagnie en 1954.  À ce titre on rapporte que plusieurs de ses suggestions ont été mises à profit par l’entreprise.  Francis Christman prit sa retraite en 1955 et fut salué par le directeur de l’usine, R.N. Ferguson comme un employé habile, consciencieux et animé d’un « bel esprit public ». Il passa le reste de sa vie à Drummondville, jusqu’à son décès le 10 novembre 1972.  Il fut enterré au cimetière protestant du Chemin du golf; son épouse Mabel Esther Bitting, décédée en 1937, avait été inhumée à Bethléem en Pennsylvanie.

Jean Thibault

 

VISUELS : La famille Christman vers 1930. De g. à droite, Francis Christman (1878-1972), Calvin Christman (1907-1980), Elizabeth Christman (1914-1983), Wilbert Christman (1905-1988) et l’épouse de Francis, Mabel Bitting (1880-1937). Les frères Calvin et Wilbert ont travaillé à la Celanese pendant plusieurs années. (Collection Elizabeth Christman)