Disparition de la Fonderie Gosselin (suite)

En 1946, un concitoyen ingénieux, M. Hilaire Blanchet, soumit à la compagnie J.A. Gosselin Ltée une idée pour la création d’une machine à mouler et envelopper le beurre qui permettait d’anticiper d’excellents résultats. Une bonne part du succès dans cette invention revient à M. Gaspard Lemay, alors dessinateur, qui fut adjoint à M. Blanchet pour concrétiser les idées ingénieuses de ce dernier. Après deux années d’essais et de mise au point, la machine Blanchet était mise sur le marché. Pour cette invention ainsi que celle de la baratte Gosselin, plusieurs voyages et ententes sont signées partout dans le monde entre 1953 et 1969 pour des droits exclusifs de fabrication : États-Unis, Angleterre, France, Allemagne, Hollande, Belgique et même Nouvelle-Zélande et Australie.

Pendant ces années, différentes transactions sont signées et mènent à des changements de noms. En 1959, il y a fermeture de la fonderie et transactions en vue d’acquérir la Trottier Inc. L’année suivante, le 24 octobre, Raoul Désilets cède 113 actions de la Trottier Inc. À la compagnie J. A. Gosselin Ltée par convention privée; le 1er décembre, il cédera officiellement ces actions dont une à Robert Bernard. En 1961, la J. A. Gosselin Ltée est acquise par la Acer, McLernon Inc., un holding de Montréal; le 17 février de la même année, la Trottier Inc. change son nom par lettres patentes pour la Fonderie Gosselin Inc.-Gosselin foundry Inc.

Cependant, un événement survenu en 1951 viendra changer le cours de l’histoire; cette année-là s’ouvre le premier procès pour annulation du contrat entre Blanchet et la Gosselin. C’est le litige de l’affaire Péloquin, ex-comptable à la compagnie. Cette affaire va entraîner l’entreprise dans des démarches judiciaires très coûteuses durant les vingt années suivantes et qui la conduiront vers la faillite en 1971. La compagnie fut administrée par un syndic pendant huit mois avant que les actifs soient vendus à Technova, filiale de Tremcar; suite aux attentats du 11 septembre 2001, le marché des équipements de transport s’est effondré et Technova a dû fermer ses portes.

Sur l’ancien site de la Fonderie Gosselin, on retrouve maintenant un imposant complexe d’habitations de luxe comprenant 377 unités de logement; les Gestions Vallières et Pelletier ont incorporé à leur projet la plus vieille partie de l’édifice datant de 1902, ce qui confère aux Terrasses de la Fonderie un caractère patrimonial.

Huguette Desmarais-Foisy

 

Photos : Activités industrielles de la fonderie, dans les années 1940 (SHD, Collection régionale;  IC-2.4G18)