Arrivée des Canadiens français

Mot de la rédaction : Dans le cadre de la sortie prochaine du troisième tome de la série, La colonie de la rivière Saint-François, qui porte cette fois sur les Canadiens français, l’historien Maurice Vallée vous propose un avant-goût exclusif de cet ouvrage qui s’annonce des plus stimulant. Bonne lecture !

La première fondation de la colonie de la rivière Saint-François (Drummondville) fut le fait des vétérans de la Guerre de 1812 et plus spécialement des vétérans du Régiment suisse de Meuron. La seconde fut celle des immigrants irlandais. Dès 1830, une troisième fondation s’organise, petit à petit. C’est celle des Canadiens français. Elle prend de l’ampleur pendant et après la période des soulèvements de 1837-1838.

Alors que le fringant colonel Heriot et ses troupes de Volontaires loyaux chassent le patriote et le réformiste dans les Cantons-de-l’Est, les Canadiens défrichent, labourent et peinent à rembourser les dettes contractées pour acheter leur lopin de terre. Les enfants grandissent, épaulent leurs parents et prennent ensuite la relève. La proportion de Canadiens français dans la colonie augmente de jour en jour comme le confirment les recensements de 1844 et 1851.

Quant au colonel Heriot, ce dernier siège à Montréal au printemps 1840 sur le Conseil spécial du gouverneur Poulett Thompson. De ce fait, il endosse aveuglément le projet d’Union des deux Canadas. De plus, il y propose qu’on rembourse les terribles dommages causés aux propriétés des loyaux sujets de Sa Majesté, par les (vilains) patriotes de 1837. Il se fait également un point d’honneur de proposer l’exemption, pour les officiers britanniques, de toutes taxes dans les villes de Montréal et de Québec. Quoi de plus noble, mais doit-on le canoniser pour autant ?

De leur côté, vers 1855, les Canadiens prennent en mains leurs intérêts économiques et politiques. Ils fondent les villages de L’Avenir (Lower Durham), de Saint-Germain-de-Grantham (Headville) et de Saint-Félix dans le canton de Kingsey. La colonie militaire de Heriot se fragmente ainsi, confirmant par-là l’échec du rêve londonien initial. La colonie de la rivière Saint-François ne sera jamais un puissant pôle économique et culturel britannique à l’instar de William Henry (Sorel).

De nos jours, il reste peu de ce pan très important de l’histoire de cette colonie très spéciale. Rares sont les gens qui s’intéressent à la recherche et à la diffusion de son histoire (livres, articles de journaux ou de revues, sites Web, thèses, expositions muséales, films, etc.). Quelques bribes sont heureusement conservées à la Société d’histoire Drummond, à la Société de généalogie de Drummondville et aux archives nationales du Québec et du Canada. En ce début du XXIe siècle, il est pourtant impérieux de revisiter l’histoire économique et politique de la colonie du surintendant Heriot.

Pour celles et ceux qui désirent approfondir le sujet, qui désirent connaître ces familles pionnières canadiennes-françaises et les dernières décennies de la colonie militaire de la rivière Saint-François, la lecture de mon livre, à paraître prochainement, vous est recommandée.