Victoire électorale écrasante des créditistes dans Drummond-Arthabaska

 

Drummondville, le 15 octobre 1961. L’agent d’assurance David Ouellet (1908-1972) est élu candidat créditiste par acclamation dans la circonscription électorale de Drummond-Arthabaska en vue des élections fédérales de juin 1962. À Ottawa, les libéraux et les conservateurs de tout acabit s’échangent le pouvoir depuis des décennies et les créditistes se présentent alors à l’électorat comme une véritable alternative aux partis traditionnels. Qui plus est, au moment de déclencher la consultation populaire, le taux de chômage est élevé partout au pays et la valeur du dollar canadien est en baisse, ce qui provoque une grogne « coast to coast » et une volonté de changement généralisée.

Ainsi, la table est mise pour les adversaires du gouvernement Diefenbaker. L’enjeu de la campagne électorale à venir sera vraisemblablement le redressement de l’économie canadienne et le comté de Drummond-Arthabaska ne fera pas exception à en juger le slogan scandé par les créditistes de la région durant l’exercice démocratique :

« Si vous aimez les dettes, les taxes, les impôts, le chômage, la misère, l’insécurité, les faillites et les embêtements gouvernementaux, votez Rouge ou Bleu. Si vous en avez assez… Essayez le Crédit social. Dans Drummond-Arthabaska, un vote pour David Ouellet est un vote pour la prospérité » !

On peut imaginer, à la lecture de ces propos, qu’une riposte libérale ou conservatrice ne se soit pas fait attendre, mais il n’en fut rien. À l’aube du scrutin, l’ambiance électorale est au beau fixe à Drummondville : les « vieux partis » se font la guerre entre eux sans porter attention à la popularité grandissante du Crédit social. Une banale distraction pour les uns. Un feu de paille pour les autres.

Ainsi, les gens de Drummondville assistent à la poutine rouge ou bleu habituelle : le candidat libéral Samuel Boulanger mène campagne contre le candidat progressiste-conservateur Victor Paul, laissant le candidat créditiste David Ouellet multiplier les discours, les rassemblements partisans et les assemblées populaires aux quatre coins de la circonscription sans grande opposition. Au gré des allocutions, l’agent d’assurance gagne du terrain et surtout des votes. La menace créditiste finalement prise au sérieux, les libéraux changent leur fusil d’épaule au dernier moment pour attaquer Ouellet, mais tirent à blanc, et en vain. Il est déjà trop tard. Le 18 juin 1962, les électeurs du comté se rendent aux bureaux de scrutin en grand nombre et marquent d’un « x » le nom de celui qui incarne le mieux leurs aspirations du moment : la nouveauté et le changement.

David Ouellet devient ainsi le premier député créditiste de Drummond-Arthabaska et écrit une petite page d’histoire en arrachant le comté aux Libéraux qui le détenaient depuis 1921. La victoire écrasante de Ouellet – avec une majorité de 4 577 voix – n’est pas anecdotique. Elle est caractéristique de la vague créditiste qui submerge alors la Belle province et qui fait élire pas moins de 26 députés québécois à la Chambre des communes du Canada. L’engouement est toutefois de courte durée et le passage de David Ouellet en politique tout aussi bref, lui qui est défait dès l’élection suivante, en 1963, au profit du candidat libéral vedette et futur ministre Jean- Luc Pepin.

 

Visuel : Le député David Ouellet célèbre sa victoire électorale, Drummondville, 18 juin 1962.

Source : Société d’histoire de Drummond, Fonds David Ouellet ; P257, D1, P16