Nous serons volontaires

Au début des années 1940, Jules Cardin filme des événements drummondvillois à l’aide de sa caméra 16 mm. Il utilise alors ces images pour le montage des bulletins de nouvelles qui sont diffusés avant les représentations cinématographiques du cinéma Capitol, où il travaille comme projectionniste.

À cette époque, à Drummondville comme dans d’innombrables petites villes au Canada, la guerre impose un nouveau rythme de vie. Si de nombreux citoyens travaillent directement ou indirectement pour l’industrie de guerre au Canada, d’autres plus aventureux s’embarquent pour aller combattre en Europe. Partout, dans les campagnes comme dans les métropoles, des millions d’hommes et de femmes se mobilisent pour défendre la paix et la liberté. Parmi ces personnes, Alphonse Béliveau, natif de Saint-Germain-de-Grantham, qui s’enrôle dans l’aviation (la RCAF) le 9 septembre 1940. En 1942, alors âgé de vingt-cinq ans, il s’entraîne en Angleterre comme sergent-observateur durant plus de dix mois.

À son départ pour l’Angleterre, il écrit dans son journal :

 « Le 2 mai- 10hrs. Parade sur le pont : check les présences; nous sommes tous groupés sur le pont et regardons arriver les bateaux qui transportent les troupes, au moins cinq jusqu’à présent, et aussi une dizaine de bateaux de guerre : croiseurs, lourds et légers, battleship, American Troop transporter. Corvettes passent, remorqueurs, et aéroplanes de patrouille (Catalina, Lysander, Lockeed Hudson, Kitty Hawks, Harvards, etc.) Nous serons au moins 10 000 volontaires à traverser. »

« 7 de mai-4 ½ hrs du matin. En garde cette nuit passée, de minuit et demi à 5 hrs, sur le pont supérieur du bateau, un vent de 35-40 milles à l’heure, une pluie glacée. La noirceur absolue. Semble des semaines. Beaucoup de temps pour réfléchir. »

  • Extrait du journal d’Alphonse Béliveau

Mais comme bien d’autres, Alphonse ne reviendra pas au pays, perdant la vie lors de l’écrasement de son appareil dans le Yorkshire, en Angleterre, le 28 janvier 1943.

C’est grâce à ces archives et au legs de M. Cardin que sera présenté sur grand écran, le tout premier documentaire historique sur Drummondville à l’heure de la Deuxième Guerre mondiale, le 13 décembre prochain, au Cinéma RGFM de Drummondville. Ne manquez pas cette projection unique d’images inédites de Drummondville à cette époque, appuyant le récit de Frederick George Cartwright, Lucien Talbot et Rodolphe Larocque, anciens combattants qui ont vécu la guerre et découvert des aspects inattendus de ce conflit, où se croisent la vie et la mort.

Photo : Alphonse Béliveau