Les années 1937-1940 : Drummondville sous la loupe d’un universitaire

Il y a plus de 70 ans de cela, un universitaire américain, Everett C. Hughes, a réalisé une étude très fouillée sur la société drummondvilloise pour aider ses étudiants en sociologie de l’Université de Chicago.

Entre 1937 et 1940, il a effectué plusieurs séjours à Drummondville, tant en hiver qu’en été, observant le comportement des Drummondvillois qui passaient en accéléré d’une société rurale traditionnelle francophone à une communauté urbaine industrialisée, chapeautée par des anglophones.

Rien n’échappe à son œil avisé: les relations entre individus francophones et anglophones, entre catholiques et anglicans, entre employés et employeurs, entre commerçants et clients, entre hommes et femmes, etc. Par exemple, il assiste avec un intérêt très marqué aux Fêtes nationales de la Saint-Jean-Baptiste, depuis le feu de joie du soir du 23 juin, la grand’messe solennelle du 24 en matinée, le défilé des fanfares et des chars allégoriques en après-midi jusqu’au feu d’artifice au Parc Woodyatt en soirée. Il note tout: la présence des dignitaires, les mouvements de foule, les absences même…

Toutes ses observations, il les a consignées dans les 388 pages d’un livre publié en février 1943 aux Presses de l’université de Chicago sous le titre de French Canada in transition et traduit en septembre 1944, par Jean-Claude Falardeau, sous le titre de ¨Rencontre de deux mondes¨. Même s’il nomme Cantonville la localité qui fait l’objet de son étude, personne ici n’a été dupe: c’est bien de Drummondville qu’il s’agit. L’œuvre fourmille d’anecdotes, de statistiques, de tableaux. On y apprend, entre autres, qu’en 1937, 18,2 % des ménages possèdent une auto, 27,8 % un appareil-radio, 9,2 % le téléphone,  etc.

Dans les deux volumes disponibles à la bibliothèque municipale (cote: 971.456 Hu), des lecteurs précédents ont ajouté au crayon ou au stylo, le véritable nom des personnes concernées. Ainsi, l’auteur, pour illustrer le mariage entre individus de groupes différents, mentionne avoir lu dans le cimetière anglican, une pierre tombale où c’est écrit: ¨Mary Harrington, wife of Joseph Marchand¨. Dans la marge, c’est écrit à la main qu’il s’agit plutôt de ¨Mary Watkins, wife of Joseph Moisan¨.

Pour qui s’intéresse à la petite comme à la grande histoire de Drummondville, ces livres constituent des documents essentiels pour comprendre l’évolution qui s’y est produite pendant le XXe siècle jusqu’à nos jours. Pour le meilleur? Pour le pire? À vous d’en juger…

Ne manquez pas notre article du 24 mars prochain «Les pionniers de Saint-Germain»!

Gérald Prince

 

Photo  : Parade de la Saint-Jean-Baptiste, rue Lindsay, vers les années 1950 (P101F78, Coll. SHD).