L’église anglicane St.Paul

Construite en 1844 grâce à la générosité des paroissiens, mais aussi de la Church Missionary Society basée en Angleterre, l’église de Syndenham s’élève sur un terrain cédé par Edmund Longmore à l’intersection de cinq routes.

L’architecte William Footner a emprunté au style gothique les arcatures en pointe des ouvertures et les contreforts qui courent tout le long de l’édifice. Percé au centre du mur occidental, le portique est surmonté d’une tour dans laquelle est suspendue, depuis 1908, une cloche pesant 195 kg commandée à la fonderie Meneely. À l’intérieur, l’espace continu de la nef et du chœur favorise la liturgie de la Parole. Accolé au chevet, l’autel est baigné de la chaude lumière des trois verrières en lancette qui symbolisent la Trinité.

En 1861, on recense 559 anglicans dans le canton de Kingsey. Leur nombre est nettement supérieur à celui de toutes les autres dénominations protestantes réunies. Pour s’assurer la présence permanente d’un pasteur, on construit un confortable presbytère et une écurie.

Les problèmes financiers tenaillent le conseil de Fabrique dès les années 1870. Et pour cause, le nombre d’anglicans desservis par St. Paul décroît inexorablement. En 1900, alors qu’on célèbre le centenaire de Kingsey, ils ne sont plus que 78 paroissiens, la plupart très âgés. En poste de 1882 à 1904, le révérend Sykes, qui se trouve presque sans assistance à ses services, doit user d’ingéniosité et de diplomatie pour garder l’église, le presbytère et les dépendances en bon état. Dans son rapport de 1896, il relate ainsi ce qu’il qualifie lui-même d’un coup de maître :  « Durant l’été, alors que j’exprimais à madame Sarah A. Parker mon souci de restaurer l’église, elle me promit de verser 50 $ pour repeindre l’extérieur si le travail était fait avant la venue de l’Évêque pour la Confirmation. Intérieurement, je me suis dit « c’est fait », et je l’aurais fait moi-même plutôt que de perdre ce don de 50 $ ».

Le pasteur Sykes embauche un peintre au coût de 60 $. Cependant, les murs couverts de deux couches de peinture mettent en évidence la laideur des bardeaux tordus et décolorés de la toiture. Il sollicite la générosité de tous pour refaire la toiture, cette fois en tôle dont l’éclat rivalise avec celui de la peinture fraîche.

La fierté des paroissiens et de leur pasteur monte d’un cran à la vue de leur église « endimanchée ». Mais, semble-t-il, la cure de rajeunissement n’est pas encore terminée. Laissons la parole au révérend Sykes : « Lady Parker était d’avis qu’il était regrettable d’arrêter un travail si bien amorcé. Elle s’engagea pour la restauration complète de l’intérieur de l’église estimée à 120 $ ». Sans tarder, on revêt la voûte d’un lambris de bois pour donner encore plus d’intimité à l’intérieur. Sur les murs, on applique des couleurs sobres, rehaussées par une large bordure de motifs peints au pochoir. Enfin, les bancs et le mobilier sont vernis. L’opération est un succès. L’église St. Paul a retrouvé en quelques mois les attributs qui lui faisaient défaut depuis plusieurs années.

Ne manquez pas le prochain article intitulé «Une tragédie à la Piste Drummond», qui sera publié le mercredi 24 février.

 Yolande Allard

Photo : L’église anglicane St.Paul (Coll. SHD)