La corvette Drummondville

Drummondville à l’heure de la guerre : 1939-1945

(extrait) « L’effort de guerre du Canada consistait naturellement à produire du matériel et à former des troupes, mais encore fallait-il les rendre à destination, c’est-à-dire en Angleterre. La traversée de l’Atlantique comportait cependant de graves dangers, causés avant tout par la présence des sous-marins allemands et par les mines qu’ils semaient sur les routes de navigation. Les Allemands poussèrent l’audace jusqu’à venir dans le golfe Saint-Laurent torpiller navires marchands ou navires de guerre.

Pour parer à cette menace, la marine entreprit la construction de navires destinés à assurer la sécurité des routes maritimes. Parmi ceux-ci figuraient les corvettes, reproduites à une centaine d’exemplaires et dont le rôle consistait à escorter les convois pour enlever les mines disséminées par les sous-marins ou les avions allemands. Le gouvernement fit baptiser ces dragueurs de mines du nom de villes canadiennes. Victoriaville, Grand-Mère, Shawinigan… se virent attribuer une corvette, en reconnaissance de la générosité des populations à l’effort de guerre (La Parole, 19 juin 1941). Puis vint le tour de Drummondville. Le député Armand Cloutier, le maire Arthur Rajotte et des membres du conseil assistèrent au baptême de la corvette Drummondville le 26 juin 1941 à Montréal.

[…] Sur les 22 convois qu’a escortés le Drummondville, une douzaine furent attaqués. La première mission du navire s’effectua en mai 1942: un seul navire marchand fit le trajet de Sydney (Nouvelle-Écosse) à Québec sous la garde d’un seul dragueur de mines, le Drummondville. Puis le 6 juillet, trois navires sur les onze du convoi QS-15 (Québec-Sydney) escorté par le Drummondville furent coulés en quinze minutes par le sous-marin U-132 au large de Cap-Chat. La corvette recueillit alors 34 survivants du cargo britannique Dinaric. Quant au sous-marin, il fut gravement endommagé par le barrage de grenades sous-marines qu’il essuya pendant deux heures, après avoir failli être éperonné par la corvette. Il dut son salut au fait que l’équipage du Drummondville le croyait détruit, et réussit tant bien que mal à rallier sa base à La Rochelle. Le 14 octobre 1942, le navire se porta au secours d’un destroyer américain échoué à Terre-Neuve. L’équipage eut à effectuer un autre sauvetage dramatique, lorsqu’une frégate anglaise fut coulée en plein océan. »

Jean Thibault

 

Photo : La corvette Drummondville (Coll. Raynald Forcier/La Parole).