Joseph-Ovila Montplaisir : homme d’affaires et politicien

Né le 18 janvier 1878 à Saint-Grégoire, dans le comté de Nicolet, Joseph-Ovila Montplaisir est le fils de Stanislas Montplaisir (1854-1916), de Saint-Grégoire, et de Sara Poliquin (1858-1943), de Gentilly. Même s’il ne fait que de brèves études commerciales à l’école de son village, administrée par les Frères des Écoles chrétiennes, il y développe un sens aigu des affaires qui lui servira, sans nul doute, au cours de sa carrière.

La famille Montplaisir pose ses pénates à Drummondville en février 1897. Doté d’un bon esprit d’initiative et d’un optimisme sans faille, le fils Joseph-Ovila, âgé de 19 ans, se lance en affaires dans le domaine de l’alimentation et réussit rapidement à y faire sa place. En 1901, l’entrepreneur crée une révolution en vendant des friandises à d’autres périodes que le temps des Fêtes, puis en introduisant, sur le marché alimentaire drummondvillois, les nouveaux produits que sont les bananes et la crème glacée. L’année suivante, le jeune homme épouse Amanda Milot (1882-1949), fille de Charles Milot (1850-1932), commerçant de Sainte-Monique, et de Julie Beauchemin (1855-1924). De cette union naissent dix enfants entre 1904 et 1922, soient cinq filles et cinq garçons.

Devenu épicier en gros, Montplaisir vend son local de la rue Lindsay à Joseph-Louis Marchesseault qui y poursuivra la même vocation. Montplaisir se tourne alors vers la construction, sous la raison sociale Montplaisir et Archambault, avant de s’intéresser au domaine de l’automobile. Ainsi, en 1914, Joseph-Ovila ouvre le premier concessionnaire de Drummondville, sur la rue Lindsay. Y vendant d’abord des voitures Ford et McLaughlin-Buick, le garage se tourne ensuite vers celles des marques General Motors, Chevrolet, Buick et Cadillac. Situé sur la rue Lindsay jusqu’en 1983, le Garage Montplaisir a pignon sur le boulevard Saint-Joseph depuis ce temps.

Bien qu’il ne soit pas attiré, d’emblée, par la scène politique, Joseph-Ovila Montplaisir siège comme représentant du quartier Ouest au conseil municipal de Drummondville de 1908 à 1912. En vue des élections du 1er février 1918, alors que tous les échevins sont élus par acclamation, Montplaisir décide de briguer la mairie, faisant face à Napoléon Garceau, auparavant maire de la ville de 1905 à 1908 et de 1909 à 1912. Même si Garceau profite d’une notoriété considérable, Montplaisir l’emporte par une courte avance de 54 voix.

Dès la première année de son mandat, le premier magistrat fait face à deux défis de taille. L’épidémie de grippe espagnole fait son arrivée au Canada en septembre 1918 et atteint Drummondville en quelques jours seulement. La Ville de Drummondville n’a d’autre choix que de réagir en créant un Bureau local et d’hygiène et en organisant les soins à la population. Malgré les mesures en place, le quart de la population drummondvilloise est touché et plus de cinquante personnes décèdent de la maladie.

Montplaisir doit également faire face au ralentissement des activités, puis à la fermeture de l’Ætna Chemical en janvier 1919. Souhaitant poursuivre l’accroissement industriel de Drummondville malgré la perte de cette importante manufacture, Montplaisir, le conseil municipal et divers autres gens d’importance entament des démarches pour attirer des entreprises au sein de la région et fournir un emploi aux quelque 700 hommes mis à pied. En plus de la nouvelle centrale hydroélectrique mise en service la même année par la Southern Canada Power, l’administration municipale promet de généreuses exemptions de taxes aux industries souhaitant s’installer sur son territoire. En vertu de ces incitatifs, Joseph-Ovila Montplaisir est fier d’annoncer l’établissement des deux premières industries du textile à Drummondville à l’automne 1919 : la Butterfly Hosiery Company Limited et la Canadian H. W. Gossard Company. Montplaisir ne se représente pas aux élections de 1920, laissant sa succession à Napoléon Garceau, élu par acclamation. La population réclame toutefois son retour en 1936, après le long règne de Walter-Alexandre Moisan, alors qu’aucun candidat à la mairie ne s’est alors montré intéressé à briguer les suffrages. Même s’il est honoré des témoignages à son endroit, Montplaisir annonce que sa santé ne lui permet pas d’assumer une charge aussi lourde.

En 1938, Montplaisir fait l’acquisition de la demeure sise au 209 rue Brock, appartenant, jusque-là, à sa sœur Alice. Après avoir rénové la propriété, Montplaisir, amateur de fleurs, fait aménager un véritable havre de paix dans sa cour arrière, orné d’une fontaine, de grands arbres et de plantations jusqu’à la rue Lindsay. Joseph-Ovila Montplaisir y décède subitement, le 7 février 1964, à l’âge de 86 ans.

 Gabriel Cormier

Visuel : Joseph-Ovila Montplaisir, vers 1905.

Source : SHD, Collection régionale; C1-8.3c100.