Assurer la paix publique, une histoire de prévention

 

Peut-être avez-vous déjà eu la mauvaise surprise d’avoir une contravention pour excès de vitesse ou au contraire, peut-être avez-vous déjà eu la chance de compter sur l’appui d’un policier lors d’une mésaventure? Quoi qu’il en soit, les débuts du corps policier de Drummondville, chargé d’assurer la paix publique, datent d’il y a déjà plus d’un siècle.

Bien qu’il semble y avoir eu plusieurs hommes désignés pour maintenir l’ordre durant le XIXe siècle, c’est en 1902 qu’est officiellement nommé Auguste Cloutier à titre de chef de police de la Ville de Drummondville. Celui-ci quitte son poste en 1905 pour devenir employé de la voirie, laissant sa place à Noël Boisclair qui cumule alors les responsabilités de chef de police avec celles de chef des pompiers.

Les incendies étant l’un des pires cauchemars des municipalités jusqu’au début du XXe siècle, le service d’incendie est longtemps considéré prioritaire, au détriment de la force policière. S’assurant principalement du maintien de l’ordre à la même époque, ce sont les nombreuses bagarres mettant aux prises les clients enivrés des hôtels du centre-ville qui occupe régulièrement les constables. Le poids des responsabilités entre les pompiers et les policiers s’inversent toutefois progressivement avec l’augmentation de la densité urbaine, l’arrivée de l’automobile et l’amélioration des normes de construction des maisons. Ainsi, l’arrivée d’un camion incendie en 1928 est rapidement suivie par celle d’une auto-patrouille trois ans plus tard.

Succédant à Boisclair en 1925, Joseph Moquin s’attarde à modifier graduellement les tâches de ses hommes. Si la fonction des policiers consistait généralement à punir au début du siècle, le chef Moquin les incite à faire de la prévention, notamment en promouvant les règles de circulation sur la voie publique. Puis, le règlement no. 226 constituant officiellement un corps de police encadré à Drummondville est adopté le 27 avril 1937.

À partir de 1939 se succèdent plusieurs chefs, dont Maurice Vincent et Edouard Lapierre qui agissent respectivement comme chef des pompiers et chef de police entre 1942 et 1945. Devenu chef de police au départ de Lapierre, tout en demeurant chef des pompiers, Vincent est notamment reconnu pour avoir fait installer la première radio dans une auto-patrouille en 1948 grâce à la compagnie Canadian Marconi.

Devenu constable à Drummondville en 1939, Conrad Proulx prend la relève du chef Vincent en 1955. Véritable révolutionnaire, le chef Proulx fonde notamment de nombreux départements tels que ceux de la sûreté, des enquêtes et de la circulation. Il veille également à la publication, en 1961, d’un manuel regroupant les cent règlements que devraient faire respecter les policiers afin d’uniformiser la pratique de leur métier. L’ouverture de l’institut de police de Nicolet en 1969 vient encore consolider la formation des futurs agents. Proulx incite aussi les policiers à pratiquer activement la prévention en sensibilisant notamment les citoyens à avoir une meilleure conduite automobile ainsi que les jeunes à se méfier de la drogue et de l’alcool. Il met également sur pied les premières brigades scolaires en 1961. Trois ans plus tard, Drummondville se voit décerner le premier rang au Canada pour le travail de la prévention des accidents dans la catégorie des villes de 25 000 à 50 000 habitants.

Ayant pris sa retraite à la fin de l’année 1973, Conrad Proulx est remplacé par Yves Pouliot, dont le principal mandat vise la réorganisation des départements de police. J.-Marcel Lefebvre lui succède en 1981 et poursuit le travail entamé par ses prédécesseurs en mettant en place de nombreux programmes de prévention du crime. C’est également sous sa gouverne que les femmes font leur premier pas dans la force policière drummondvilloise grâce à l’embauche des agentes Lauraine Letarte en 1986 et Josée Trépanier en 1988. Quelque temps avant de laisser la direction à Louis Raîche, Lefebvre participe à l’inauguration, en mai 1998, du nouvel édifice du Service de la sécurité publique situé dans l’ancien garage municipal de la rue Cockburn.

Alors que la Ville de Drummondville priorise une saine gestion de ses finances, elle se voit offrir les services de la Sûreté du Québec (SQ) en 2001. En effet, depuis peu, les municipalités de moins de 50 000 habitants ne sont plus tenues d’avoir leur propre corps policier et comme Drummondville compte à ce moment 47 130 citoyens, les élus municipaux acceptent que la ville soit desservie par la SQ afin d’économiser plus de 1,5 million de dollars par année. C’est ainsi que le 17 septembre 2002, 81 policiers et 16 employés civils du défunt Service de la sécurité publique de Drummondville rallient les rangs de la SQ. Même si Drummondville a très largement dépassé les 50 000 habitants depuis ce jour, elle profite d’un droit acquis lui permettant d’être toujours desservie par la SQ.

 Gabriel Cormier

Visuel 1 : Auguste Cloutier, vers 1905.

Source : SHD, Collection régionale ; C1-8.1a67