Alexandre Mercure : un maire en temps de guerre

 

Alexandre Mercure est né le 26 février 1867, dans le patelin de Saint-Thomas-de-Pierreville, du mariage d’Alexandre Mercure père (1821-1902), cultivateur, et d’Angèle Lemaitre-Auger (1832-1918). Le jeune Mercure étudie à l’Académie des Frères des Écoles Chrétiennes de Baie-du-Febvre, avant d’être engagé à titre de comptable, en 1885, par Henri Vassal, commerçant de bois et propriétaire de moulins à scie dans la région de Drummondville depuis 1880. Quelques années plus tard, Alexandre Mercure épouse, le 17 juin 1891 à Baie-du-Febvre, Marie-Louise Smith (1869-1977), fille du Dr William Smith (1838-1917) et d’Olivia Duval (1840-1923), avec qui il aura dix enfants.

En 1905, fort de son expérience des deux dernières décennies au sein de l’entreprise, Mercure rachète tout l’actif de Vassal, soit deux scieries très prospères, l’une à Drummondville, sur le site de l’actuel parc Sainte-Thérèse, et l’autre à Saint-Joachim-de-Courval, ainsi que son exploitation forestière couvrant plus de 6 000 acres. L’entreprise produit alors des planches et des madriers à partir du bois coupé jusque sur les terres de Saint-Lucien et de Saint-Félix-de-Kingsey, situées en amont, et acheminé aux moulins grâce à la rivière Saint-François. Il en demeure le propriétaire jusqu’à sa faillite en 1925. Son fils Gustave reprend alors les rênes sous le nom de A. Mercure & Fils Limitée.

Souhaitant s’impliquer en politique, l’homme d’affaires devient échevin du quartier Est de Drummondville en août 1909 et le demeure jusqu’en juillet 1912, alors qu’il résigne sa fonction, au même titre que le maire Napoléon Garceau et le conseiller Léopold Poirier, après que l’adoption d’un règlement fut désapprouvée par les propriétaires de la ville. Mercure réintègre toutefois le conseil en novembre 1912.

Homme de profondes convictions, Mercure se présente également aux élections provinciales sous la bannière des conservateurs dans le district électoral de Drummond en 1912. Il y affronte alors le vétéran libéral Louis-Jules Allard, ministre des Terres et Forêts depuis 1909. Même s’il fait bonne figure, Mercure doit s’avouer vaincu par une courte marge de 212 votes en faveur de son adversaire. Nullement découragé, Mercure sollicite à nouveau l’électorat au scrutin de 1916, lors duquel il fait cette fois-ci face à la jeune étoile montante libérale, Hector Laferté. Sans surprise, ce dernier l’emporte par une forte majorité, mettant fin aux espoirs de Mercure de faire une carrière politique provinciale.

Entre-temps, Alexandre Mercure décide d’affronter Ovide Brouillard, maire de Drummondville depuis 1912 et député fédéral du comté de Drummond-Arthabaska sous la bannière libérale depuis 1911, aux élections municipales de février 1914. Après avoir remporté la mairie, Mercure est réélu en janvier 1916 avant de laisser la place à son bon ami, Napoléon Garceau, aux élections de 1918.

Peu de temps après les élections, la municipalité cède la petite centrale électrique située à l’extrémité de la rue des Forges à la Southern Canada Power qui devient le principal fournisseur d’électricité dans la région et qui pave la voie au développement industriel de la ville. La centrale de Drummondville entre en service en 1919 afin de remplacer le précédent complexe devenu désuet, tandis que celle des chutes Hemming ouvre ses portes en 1925.

En plus de veiller en préparatif du centenaire de Drummondville, Mercure doit faire face à un défi inimaginable à compter de septembre 1914, soit celui d’administrer une ville en temps de guerre. Or, il s’avère que la compagnie américaine Ætna Explosives, redoutant la possible ingérence de Washington dans ses activités, envisage de créer une filiale canadienne, l’Ætna Chemical. Même si la région de Drummondville profite de plusieurs avantages géographiques, l’administration Mercure offre tout de même divers allégements financiers, s’engageant notamment à payer plusieurs excédents sur les lots envisagés pour attirer l’usine de fabrication de poudre sans fumée. La poudrerie débute sa production en mars 1916 et engage, dès la première année, 2 500 personnes, provoquant l’arrivée massive de travailleurs sur le territoire. Même si l’usine ferme ses portes en janvier 1919, ce premier complexe industriel d’envergure permet à Drummondville, en stagnation depuis plusieurs années, de retrouver le chemin du progrès. Entre-temps, le conseil municipal adopte l’une des résolutions les plus importantes de son histoire le 8 juin 1917.

Ne se présentant pas aux élections municipales de 1918, l’homme d’affaires participe à nouveau au scrutin de 1920 et reprend sa chaise d’échevin du quartier Est, poste qu’il occupe jusqu’en janvier 1924, avant de tirer sa révérence. En plus de la politique, Mercure s’implique partout où il le peut : culture, affaires publiques, industries, etc. En 1937, à l’âge de 70 ans, il devient registrateur du comté de Drummond et occupe ce poste jusqu’à son décès survenu le 21 janvier 1945 à l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville des suites d’une longue maladie. C’est en son honneur que le boulevard Mercure est nommé ainsi en 1939.

 Gabriel Cormier

Visuel : Alexandre Mercure, vers 1920.

Source : SHD, Fonds Micheline Duchesne-Tardif; P116-A37.