Saint-Eugène

1878

Saint-Eugène

Érection canonique : 22 novembre 1878
Érection civile : 31 octobre 1879
Origine du nom : Le curé Kérouack nomme la paroisse ainsi afin de la placer
sous le patronage de saint Eugène.

Dès 1831, les premiers colons, provenant entre autres de Drummondville et de Saint-Germain, défrichent certaines terres de colonisation d’abord cédées sur le 11e rang et sur le chemin de Saint-Hyacinthe. Au milieu du XIXe siècle, une dizaine de familles y pratiquent l’agriculture et exploitent la potasse. Puis, l’exploitation forestière s’emballe et provoque une importante hausse démographique durant la deuxième moitié du siècle.

La famille de Jérémie Rondeau, originaire de Berthier, est l’une des premières à s’installer dans la région. En plus d’être le premier marchand général du village, Jérémie Rondeau, occupe également les fonctions d’inspecteur de voirie, de maître de poste (1879-1888), de commissaire d’école et même de président de la commission scolaire. La venue de sa famille incite l’arrivée de plusieurs autres, dont celle de Michel Larose de Saint-Bruno et d’Amable Archambault de Maskinongé.

Entrée du village de Saint-Eugène-de-Grantham, vers 1910.
Société d’histoire de Drummond, Collection régionale ; IC-3.2A3.

1857

Au coeur de l’économie

Le moulin à feu

Le moulin Wilson, surnommé le « Moulin à feu », est un facteur important de la formation de Saint-Eugène. Situé sur le treizième rang, le moulin de Saint-Eugène connaît une expansion considérable à partir de 1857, période d’expansion du marché du bois scié en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Le bois du « Moulin à feu » traverse alors, par grands chargements, la paroisse de Saint-Guillaume pour ensuite accéder aux communautés littorales du fleuve Saint-Laurent. Les pièces sont ensuite envoyées à Montréal ou Québec.

En 1861, la production atteint des sommets et 75 hommes y trouvent du travail. Exploitant principalement l’épinette blanche et le pin, la scierie en tire des planches, des bardeaux et des dormants de chemin de fer. La croissance du moulin est toutefois freinée par le non-renouvellement, en 1866, du Traité de réciprocité par les Américains. Le peuplement, s’étant développé autour de l’exploitation, se réoriente alors avec l’agriculture. Ainsi, la vente graduelle, par le propriétaire, des lots dégarnis des essences de bois recherchés contribue largement à l’accélération du défrichement des terres du 12e et du 13e rang de Grantham.

Croquis du Moulin Wilson, Saint-Eugène-de-Grantham, vers 1879.
Société d’histoire de Drummond, Fonds Yves Beauregard ; P1-10.1-3.

1890

Atteindre les marchés extérieurs

Le chemin de fer

Essentiel pour rejoindre les marchés urbains, le réseau ferroviaire ne dessert pas Saint-Eugène avant de nombreuses années. Pourtant, depuis 1875, les propriétaires de lots du canton de Grantham doivent payer pour les chemins de fer des comtés de Drummond, Richelieu et Yamaska. En 1890, la compagnie du Drummond County Railway Co. ajoute une voie vers Sainte-Rosalie, passant du même coup sur les terres de Saint-Eugène. Toutefois, les élus municipaux refusent de payer les sommes astronomiques des propriétaires de la compagnie ferroviaire afin que le tronçon soit en plein cœur du village. Ainsi, la voie est plutôt construite à trois milles du village.

Au fil des années, l’étape de Saint-Eugène prend de l’importance, autant par le volume de son trafic de marchandises que par le nombre de passagers. Ainsi, un hôtel est construit en 1904 pour accommoder les voyageurs de passage et une vaste gare est construite en 1909. Cette dernière est démolie en 1965.

Gare de Saint-Eugène-de-Grantham, vers 1912.
Société d’histoire de Drummond, Fonds Yves Beauregard ; P1-9.4-2.

1907

Quand le manque d’espace se fait sentir

La construction de l’église

La venue du chemin de fer dans les années 1890 cause une importante expansion démographique, faisant doubler les effectifs de la population de Saint-Eugène et rendant exiguë la petite église de la localité, et ce dès 1895. Certains se souviennent même que les enfants assistaient à la messe, assis sur la sainte table. Lors de sa visite diocésaine en 1902, Mgr Herman Brunault, évêque de Nicolet, souligne la nécessité de construire une nouvelle église. L’architecte Louis Caron est alors nommé responsable pour mener le projet à terme. L’église est finalement terminée en 1907. Le manque de ressources financières incite toutefois les paroissiens à réutiliser les meubles de la première église et à terminer les finitions du nouveau lieu de culte seulement vers 1912-1913.

Construction de la nouvelle église de Saint-Eugène-de-Grantham, 1906.
Société d’histoire de Drummond, Fonds Yves Beauregard ; P1-2.3E16.

1911

Le cogneur de Saint-Eugène

Lucien «Lou» Brouillard

Né à Saint-Eugène le 23 mai 1911, Lucien Brouillard émigre aux États-Unis en
1917, où il amorce sa carrière de pugiliste. En 1928, il passe chez les
professionnels et enregistre une série de victoires convaincantes qui lui permet
d’accéder à un premier combat de championnat qu’il remporte le 23 octobre 1931.
L’avenir du fils de Saint-Eugène dans le monde de la boxe semble alors assuré,
mais dès la première défense de son titre, en janvier 1932, Lou est défait.

Le 9 août 1933, au Polo Grounds de New York, Lucien écrit une petite page
d’histoire en décrochant un deuxième titre mondial. Cependant, le nouveau
champion encaisse un revers décisif deux mois plus tard. Convaincu qu’il a
encore la flamme, Lou continue de boxer durant quelques années, mais une série
de défaites le persuade d’accrocher ses gants en 1940.

Lucien dit « Lou » Brouillard termine sa carrière avec un palmarès impressionnant
de 109 victoires, dont 68 avant la limite, 29 défaites et 3 verdicts nuls. Sa feuille
de route exceptionnelle lui vaut d’ailleurs d’être intronisé au Panthéon des sports
canadiens (1955), au Temple de la renommée des sports du Canada (1956), au
World Boxing Hall of Fame (2000) et au Temple de la renommée de la boxe
(2006).

Portrait du boxeur Lucien Brouillard, 1936.
Société d’histoire de Drummond, Fonds Yves Beauregard ; P1-8.1A36.

1939

Quand l’abstinence fait foi de tout

Les brigades de tempérances

Dans la première moitié du XXe siècle, les curés de différentes municipalités font appel à différents regroupements religieux et sociétés pour sauver les âmes en péril et rétablir la surveillance sur les ouailles. En 1939, le curé L.-R. Belcourt, dont la cure à Saint-Eugène s’étend de 1933 à 1944, met sur pied la Ligue de Tempérance et la Ligue féminine. Puis, en 1950, l’abbé Hector Joyal fonde les Cinq scapulaires. S’ajoutent ensuite les Cercles Lacordaire et Jeanne-d’Arc. Ces groupes, créés pour combattre l’ivrognerie, prêchent l’abstinence totale et sont supervisés, entre autres, par le curé. De nombreuses réunions sont organisées chaque année, pendant lesquelles des films et des conférences sont présentés au grand public.

Ces regroupements deviennent rapidement populaires auprès de la population de Saint-Eugène, attirant de nombreux membres. Les Lacordaires et le Jeanne-d’Arc obtiennent d’ailleurs de la municipalité qu’elle n’accorde plus de permis pour vendre des boissons alcoolisées. Plus encore, ces Cercles et ces Ligues sont souvent en mesure de trouver et dénoncer ceux abusant de l’alcool, mais également ceux qui osent en fabriquer et en vendre clandestinement.

Hôtel de tempérance, Saint-Eugène-de-Grantham, vers 1920.
Société d’histoire de Drummond, Fonds Yves Beauregard ; P1-2.4D1.
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