6 Septembre 1931, la ville de Drummondville retient son souffle. Le soleil ne se montre guère et la température se refroidit. L’été laisse tranquillement place à l’automne. Même si la saison des couleurs arrive à grand pas avec sa beauté poétique, Drummondville n’a pas l’âme à s’éblouir. Ses habitants et elle restent ternes et silencieux. Les volets demeurent fermés et la gaieté des résidents laisse place à une odeur de peur. En effet, il y a peu, les Drummondvillois ont eu vent qu’une maison, dans le 7ième rang de Saint-Lucien, était à l’origine de plusieurs bruits étranges. On racontait que cette cacophonie était tellement horrible que les plus braves devenaient aussi blancs que les morts. L’enfer, disait-on, avait pris place dans cette maison. Cette lourde ambiance ne laissait personne indifférent. Un groupe de courageux, ou naïf, fiers à bras de Drummondville décide, le jeudi 10 septembre, de se payer une visite chez ces êtres d’outre-tombe. Lumières portatives, révolvers et cartouches étaient bien inefficaces face à ce qu’ils allaient affronter. L’un des chefs de la bande eut plus de jugeote que ses confrères, apportant avec lui de l’eau bénite. Quand tous les préparatifs furent terminés, c’est un véritable cortège qui se rendit à cette...

  Drummondville, le 13 septembre 1927. Un air de fête règne dans les rues de notre ville et nombre de maisons, d’établissements de commerce et de manufactures sont décorés en vue de l’arrivée imminente du premier ministre du Québec Louis-Alexandre Taschereau. Le but principal de la visite de ce dernier vise à découvrir la ville et ses industries afin d’en évaluer ses perspectives d’avenir. Le convoi transportant notre distingué visiteur entre en gare par les rails du Canadien National à 14h00 et est reçu par une foule considérable d’admirateurs et de curieux. L’accueil est triomphal, mais de courte durée, puisque le programme de la journée est riche et chargé. Ainsi, à la suite d’une brève causerie avec le curé Georges Melançon, le premier ministre Taschereau quitte la gare aux côtés du maire Walter Moisan. Le premier magistrat de notre ville guide d’abord son invité jusqu’aux centrales hydroélectriques de la Southern Canada Power pour que ce dernier puisse constater de visu la puissance des principaux moteurs du développement industriel de Drummondville. Le plus haut fonctionnaire de la province est ensuite amené à visiter les usines de la Fonderie Gosselin (outillage pour l’industrie laitière), de la Macdonald Wire Goods (fil de fer),  de la Butterfly...

  Grâce à l’étude des archives judiciaires et des journaux d’époque, il s’avère souvent possible de reconstituer d’étonnantes histoires s’étant déroulées à Drummondville. Par exemple, lors d’une séance du conseil de Ville de Drummondville le 27 juin 1939, le maire Arthur Rajotte accuse son chef de police, Joseph Moquin, « de ne pas faire respecter la morale dans la ville ». La raison de cet euphémisme ? Le maire reproche à Moquin de ne pas être intervenu auprès d’une maison close exploitée aux étages du restaurant Taft, situé au 496 rue Lindsay. L’établissement suspect est tenu par René B. et Alvina G. qui louent des chambres à d’honnêtes travailleurs, mais qui tolèrent également la présence de femmes de petite vertu. Le maire Rajotte somme son chef de se présenter à une enquête publique concernant cette affaire, mais Moquin choisit plutôt de démissionner. Moquin est rapidement remplacé par Anthime Simard, un policier sans grande expérience. Ce dernier effectue, dans la soirée du 11 novembre 1939, une descente au 496 rue Lindsay. La police arrête tous les gens sur place dont Alvina, sa fille, René et son frère. Tous sont ensuite relâchés après interrogatoire. René et Alvina, ne voulant pas se faire poursuivre, consultent alors l’avocat Antoine...

  L’histoire de la municipalité de Saint-Félix-de-Kingsey ne commence pas avec la ratification canonique et civile du lieu, respectivement en 1859 et 1860, mais bien avec l’arrivée des premières familles de pionniers. Parmi ceux-ci, le premier colon loyaliste, William Edward Wadleigh, s’y installe avec sa famille dès 1800. Ce dernier quitte sa ferme de Danville, au Vermont, avec sa femme et ses sept enfants pour s’établir à Lennoxville. N’étant pas satisfait des terres au confluent des rivières Massawippi et Saint-François, il décide de continuer son chemin jusqu’en territoire abénaquis, là où James Rankin avait précédemment arpenté, en 1792, ce qui deviendra quelques années plus tard, le canton de Kingsey. Le cimetière Maplewood, situé sur le chemin de la rivière Saint-François, est l’un des plus anciens vestiges nous venant de ces premiers habitants. Nous pouvons d’ailleurs y trouver la sépulture du premier « enfant blanc né à Kingsey », soit le jeune Rufus Wadleigh (1802-1839) ainsi que celles de ses parents Mary Blasdel (1765-1806) et William Edward Wadleigh (1761-1840). La valeur historique de ce lieu est inestimable considérant ses nombreuses pierres tombales datant de la première moitié du XIXe siècle. Celles-ci mettent en lumière l’aventure des tout premiers arrivants, révélant leurs années de naissance, de décès,...

  Dès 1968, l’Association des pilotes de Drummondville projette d’agrandir l’aéroport municipal, inauguré en 1947, et d’aménager un second parc industriel près de celui-ci. Dans un rapport présenté en collaboration avec la Chambre de Commerce du comté de Drummond, la planification à long terme de l’aéroport fait état de neuf recommandations. Parmi celles-ci, notons l’aménagement d’un parc industriel au nord-ouest de la route afin de donner directement accès aux avions, depuis la piste, jusqu’aux industries. Le plan s’accélère et en septembre 1968 le projet de construction d’un nouvel aéroport international au Québec est déposé sur la table par le gouvernement fédéral afin de désengorger celui de Dorval. Dès lors, la Chambre de commerce se penche plus amplement sur la question et en vient à la conclusion que l’aménagement d’un tel complexe serait avantageux pour l’essor économique de Drummondville. On prévoit même qu’en 1980, Drummondville compterait 150 000 habitants grâce à l’arrivée de nouvelles industries. Des études sont alors menées, un site est choisi, on acquiert la collaboration de la presse et on courtise les politiciens qui prendront la décision finale. Drummondville obtient ainsi l’appui, entre autres, des députés fédéral et provincial du comté, MM. Jean-Luc Pepin et Bernard Pinard. À première vue, il n’y...

Le contexte sociosanitaire du Québec au début du XXe siècle n’est pas des plus sain et Drummondville n’y fait pas exception. En fait, ce sont les autorités municipales qui sont en charge de répondre aux besoins de la population locale, et ce, sans grand succès. À l’automne 1910, des démarches sont entreprises pour doter Drummondville de son propre hôpital. On fait alors appel aux Sœurs Grises de Nicolet, connues dans le secteur hospitalier, afin d’assumer la direction de la mission. Le 5 décembre de la même année, les Sœurs décident de s’installer dans l’ancien hôtel Corona situé au coin des rues Lindsay et Cockburn et d’opérer sous le nom d’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville.  Au terme d’une location de cinq ans dans l’ancien hôtel, les religieuses, faute de ressources financières suffisantes, se tournent vers l’ancien couvent des Sœurs de la Présentation qui leur est offert gracieusement pour déménager l’hôpital. Situé au coin des rues Brock et Marchand, l’établissement demeure toutefois sous-développé d’un point de vue médical et deux événements majeurs font prendre conscience aux autorités de la nécessité de moderniser l’hôpital. D’abord, le 20 août 1916, une explosion survient à l’usine Aetna Chemical, faisant de nombreux blessés. Faute d’équipements adéquats, plusieurs décèdent...

Le 6 juin 1933, un homme d’affaires du New Jersey du nom de Richard Hollingshead inaugure ce qui deviendra un symbole fort de l’Amérique de l’après-guerre, le fameux « drive in » ou ciné-parc américain. Le site aménagé par Hollingshead peut accueillir 336 voitures prenant place devant un même écran. Le son est alors assuré par un système de haut-parleurs situés près de l’écran et le prix d’entrée, de 0.25$ par famille, constitue une véritable aubaine de divertissement familial. Ce n’est cependant qu’après la Deuxième Guerre mondiale que cette industrie prend véritablement son envol. L’expérience culturelle estivale permet alors d’allier deux des plus grandes passions des Américains : le cinéma et l’automobile. Au Québec, le gouvernement de Maurice Duplessis interdit, après le conflit mondial de 1939-1945, cette pratique qui encourage, dit-on, la débauche et le vice. Pour contrecarrer ce blocus, bon nombre de cinéphiles québécois n’hésitent pas, d’ailleurs, à se rendre dans les ciné-parcs ontariens et américains pour pouvoir regarder des films en plein air. Il faut attendre plusieurs années avant de voir s’implanter graduellement les premiers ciné-parcs dignes de ce nom dans la province. Devant la demande et la pression grandissante de la population, le gouvernement de Robert Bourassa n’a d’autre...

  Entre les deux Guerres mondiales, l’industrie du cirque américain connait de grands moments, bénéficiant de l’engouement des années folles, de la popularité du vaudeville, et de la montée du capitalisme de consommation. Malgré la crise économique de 1929, le Cole Brothers Circus, réussit à se démarquer de certains géants américains tels que les Ringling Brothers. Seulement six mois après sa création, en 1934, ce cirque devient l’un des plus importants des États-Unis grâce au génie de deux hommes d’affaires, Jess Adkins et Zack Terrell. En juin 1938, le Cole Brothers Circus débarque à Drummondville. Le spectacle compte parmi ses têtes d’affiche le plus grand dompteur d’animaux de l’époque, le célèbre Clyde Beatty, ainsi que l’étoile renommée des films de Cow-Boys, Ken Maynard. Il y est présenté également nombre d’acrobates, de casse-cous et de trapézistes, tels que la troupe Gretona, les Flying Harolds, les Peerless Illington, et l’automobiliste Florenzo. L’un des numéros de la famille Gretona, par exemple, implique une bicyclette et trois acrobates : le premier pédalant sans toucher au guidon, le deuxième se tenant debout sur ses épaules, et le troisième, en équilibre sur le guidon la tête en bas et les jambes en l’air. Le tout se passe sur un...

De 1946 à 1966, le Québec voit naître la génération du baby-boom. Sachant qu’entre 1957 et 1959, le taux de natalité au Québec atteint des sommets en franchissant le cap des 144 000 naissances par an, il n’est pas étonnant de voir de plus en plus de gens préoccupés par les loisirs de la jeunesse de l’époque. Déjà présente à Drummondville dans les années 1950, l’Œuvre des terrains de jeux (OTJ) joue un rôle de plus en plus actif auprès des enfants. Au cours de la décennie 1960, cette association dirigée par plusieurs hommes d’influence, tant laïques que cléricaux, prend en charge l’organisation des activités offertes aux « boomers ». La période estivale est de loin la plus occupée, alors qu’une centaine de moniteurs travaille à l’animation d’activités pour les jeunes dans les quatorze parcs du Grand Drummondville. Une journée typique dans les parcs débute à 9h. Après les jeux du matin, l’après-midi est laissé libre afin que les enfants aient l’opportunité de se baigner dans les piscines publiques. En soirée, entre 18h et 20h, tous sont invités à revenir pour d’autres types d’activités telles que l’artisanat et le base-ball. Garçons et filles de 2 à 16 ans peuvent ainsi participer et apprécier...

Au Canada, l’année 1885 est marquée par un important conflit entre le gouvernement fédéral de John A. Macdonald, et les peuples métis du Nord-Ouest qui tentent, sans succès, d’obtenir les titres de propriété des terres de leur région. Cette tentative vient contrecarrer les plans du gouvernement central qui nourrit des visées colonisatrices sur ce territoire. Les tensions entre Ottawa et les Métis, menés par Louis Riel, atteignent leur paroxysme en mai 1885 et culmine par la défaite des Métis à la célèbre bataille de Batoche.  Dans les mois suivants, Louis Riel, tenu responsable des troubles, est condamné à la peine de mort pour les motifs de haute trahison. La partialité du procès est remise en cause par une majorité de Canadiens Français qui y voit un règlement de compte orchestré par Ottawa suite à l’exécution en 1870 de Thomas Scott, jeune orangiste protestant et spéculateur farouchement opposé aux Métis. Quoi qu’il en soit, Louis Riel est exécuté le 16 novembre 1885. La grogne des Canadiens Français face à cet évènement est alors manifeste et polarise le débat public de l’époque. Six jours après la pendaison du chef métis, plus de 50 000 personnes se réunissent au Champ-de-Mars à Montréal pour manifester contre...