En février 1930, des représentants de la Holtite Manufacturing Co., un grand manufacturier de Baltimore au Maryland dans le domaine du caoutchouc, viennent donner le feu vert pour débuter les travaux d’aménagement dans les bâtiments de l’ancienne manufacture d’allumettes chimiques (1905-1916), sur la rue Lindsay. L’usine drummondvilloise de la Holtite Company of Canada Limited est officiellement inaugurée le 4 mai 1930, lors d’un grand banquet donné au Manoir Drummond. De grands personnages de la ville sont présents, dont le maire Walter Moisan et M. Aaron Swartz de la Southern Canada Power, qui préside la soirée. À ses débuts, l’industrie fabriquant des semelles et des talons de chaussures en caoutchouc est opérée par une quarantaine d’employés. En 1941, des rumeurs d’agrandissement visent la Holtite qui, en décembre 1942, fait l’acquisition d’une propriété privée aux abords de l’usine située au coin de la rue Lindsay et St-François (aujourd'hui Hervé-Tessier). Cette dernière est détruite en août 1949, alors que le journal La Parole annonce un agrandissement de 70 par 115 pieds, qui portera la superficie totale de l’usine à 50 000 pieds carrés. L’investissement est de 40 000$. En 1963, la Holtite, achetée entre temps par la Cat’s Paw, une division de l’American Biltrite, fait part de plans...

C’est à l’été au mois d’août que j’ai quitté seul, pour la première fois, le foyer familial pour le camp d’été de santé, j’avais 9 ans. Le père de mon ami Gilles, nous y a reconduit un beau dimanche après-midi. Nous allions découvrir une foule d’activités et de nouveaux amis. Détail important, il y avait une piscine, denrée rare à cette époque dans notre ville; alors que la magnifique St-François était presqu’un égout à ciel ouvert dans ces années-là. Le contraste était d’autant plus frappant car fraîchement arrivés à Drummondville nous avions connu les eaux cristallines de la Matapédia et le lac à l’onde limpide au pied de notre chalet. Ce camp fut pour ma mère qui était veuve, une libération. Elle me savait en lieu sûr et n’avait pas à se soucier pour un mois à savoir si j’étais à faire un mauvais coup ou si je me trouvais dans un endroit défendu. J’avais 5 sœurs à la maison et pour ma part c’était un temps de paix et j’imagine qu’il en fût de même pour elles. Nous avions des monitrices pour diriger les activités sportives et autres, sans oublier les sœurs du Bon-Conseil responsables du camp. Nous couchions dans des dortoirs...

En 1918, Francis Calvin Christman rencontra à la Bourse de New York Frédéric Tétreau, curé de la paroisse Saint-Frédéric de Drummondville, qui avait exercé son ministère en Nouvelle-Angleterre pendant 17 ans.  Le prêtre convainquit Christman, qui était dans la fabrication de bas de soie, de venir implanter une usine à Drummondville; une centrale électrique construite en 1915 commençait en effet à y attirer les industriels.  La compagnie pourrait ainsi exploiter un vaste marché couvrant l’Ontario, le Québec et les Provinces maritimes. Francis Calvin Christman était né en Pennsylvanie le 16 septembre 1878 dans la religion luthérienne et avait épousé Mabel Esther Bitting. En 1919, Francis Christman décida de s’installer à Drummondville; il acquit une partie des  terrains des Forges McDougall, fermées depuis 1911 et y fit construire l’usine de la Butterfly Hosiery Company Limited au 412, rue Heriot.  Cette compagnie employa jusqu’à 400 ouvriers et fut en opération jusqu’en 1963. Il dirigea l’usine jusqu’en 1929, mais la quitta pour fonder sa propre compagnie de bas de soie, la Dominion Hosiery Company Limited, angle Saint-Jean et Des écoles (Eagle Pencil par la suite).  Mais l’affaire tourna court, à la suite du désistement d’un investisseur, dans la foulée du krach boursier de New York. Christman...

Un horodateur est une horloge destinée à imprimer la date et l’heure sur une carte ou une fiche. Aujourd’hui il est surtout utilisé pour vérifier les présences des employés dans les usines ainsi que dans beaucoup de stationnements payants pour véhicules. La photo montre un objet cylindrique dans lequel il y a une feuille sur laquelle sont imprimées les heures. On y introduisait une clé située dans une petite boîte métallique accrochée au mur d’un appartement ou d’un entrepôt et en la tournant, l’heure s’inscrivait sur la feuille. Dans les entreprises, les horodateurs de cette génération ont été remplacés par les caméras de surveillance. Au début des années soixante, grâce à mon père, cadre à la Celanese, j’ai obtenu un emploi d’été à l’usine. La première année, on m’a affecté au remplacement des plombiers qui à tour de rôle prenaient leurs vacances estivales. L’année suivante, je me suis retrouvé au département de la police de l’usine. J’ai alors fait connaissance avec l’horodateur. Il était surtout utilisé la nuit dans les endroits où personne ne travaillait. La clé était toujours située à l’extrémité de l’appartement. Il fallait le traverser de façon à constater si un bris ou un événement quelconque méritait une intervention. Il...

Sur la première page du journal local, en grosses lettres majuscules, nous apprenons la construction d’un aréna. Quelques hommes d’affaires se réunissent pour doter la ville de cette réalisation tant attendue. Sous la forme d’une immense grange, avec des loges au deuxième, accessibles par une échelle de bois, elle se remplit régulièrement pour les sports d’hiver. Elle a comme avantage d’éviter le déneigement des patinoires extérieures à chaque tempête de neige et protège des grands vents glacials. Le service d’aiguisage de patins permet d’être au meilleur de sa performance. De plus, un bon « hot dog » en fin de soirée termine bien chaque événement. À cette époque, le hockey prend de l’expansion. Les petits villages des environs s’organisent des équipes. Des mécènes fournissent aux jeunes des gilets à l’effigie de leur commerce. Bien sûr, le patin est parfois un peu serré ou un peu grand, il faut se contenter de ce que l’on a. L’assistance s’époumone à crier à l’arbitre « de mettre ses lunettes »! Pour renforcer le confort, une couverture est glissée sous les fesses et les bas tricotés par grand-mère gardent les orteils au chaud. À force de pratiquer, les talents se développent et les étoiles montent au firmament. Les pères, fiers de leur...

En 1930, la Southern Canada Power (SCP) abandonne le projet de construction d'une centrale hydro-électrique aux rapides Spicer de Saint-Joachim-de-Courval en raison de l'irrégularité du débit de la rivière Saint-François. Quelques années auparavant, elle avait fait l'acquisition de plusieurs fermes situées en amont et en aval de la centrale projetée. Afin d'éviter que ces terres ne deviennent des « terres en branches », la SCP se lance dans de grands travaux de reboisement dès 1939. La pépinière Au début du reboisement, les plants proviennent de la pépinière de Berthierville. En 1942, cependant, la SCP construit sa propre pépinière sur le rang Sainte-Anne à Saint-Joachim-de-Courval. Elle engage l'ingénieur forestier Elwood Wilson à titre de conseiller ainsi que Lorenzo « Larry » Morin pour diriger les différents travaux sur le terrain. En 1956, on amorce le déménagement de la pépinière vers Saint-Majorique-de-Grantham pour pallier les inconvénients du sol argileux de Saint-Joachim, lequel tarde à dégeler au printemps alors que les terres à reboiser sont prêtes à recevoir les jeunes plants. Le repiquage Chaque printemps, on engage une soixantaine de planteurs, pour la plupart cultivateurs de la région. La technique de repiquage est fort simple : le reboiseur pratique une fente dans le sol avec sa « ferrée », y dépose avec...

C'est Joseph-Trefflé Caya, greffier à la Cour, qui construit la belle victorienne en 1880. La propriété passe successivement aux mains du commerçant de bois Ovide Brouillard, de l'hôtelier Birtz, de son épouse Alice Montplaisir et du marchand Joseph-Ovila Montplaisir. En février 1967, Roger Montplaisir vend le 209, rue Brock à deux entrepreneurs qui comptent exploiter son emplacement au cœur du quartier des affaires et l'attrait de son style romantique-victorien pour le convertir en boutique d'aménagement intérieur. L'intermède commercial est cependant de courte durée. La portion du jardin en bordure de la rue Lindsay est vendue en 1968, alors que la maison et ses dépendances deviennent la propriété de Rolland Bouvette, épicier à Saint-Cyrille-de-Wendover, en 1974. Armés de patience et animés d'une passion hors du commun pour les belles maisons anciennes, Rolland et son épouse Antoinette consacrent de nombreuses heures à panser les blessures laissées par les squatters qui s'y étaient introduits les mois précédant l'acquisition. Ils lui donnent ainsi le second souffle pour atteindre le podium des joyaux du patrimoine architectural de Drummondville. Deux maisons Montplaisir jadis côte à côte Deux résidences construites en enfilade sur la rue Brock étaient identifiées sous le nom de «maison Montplaisir». La présence de la même famille dans les deux...

Les Montplaisir ont habité le 209, rue Brock plus de 50 ans! C'est le couple formé d'Alice Montplaisir et de Charles Birtz qui l'achète d'Ovide Brouillard en 1916. Charles tient hôtel sur la rue Heriot, à l'angle de la rue Cockburn. L'établissement sera identifié plus tard sous le nom de « Hôtel Grand Central ». En 1922, Alice se marie en secondes noces avec le Dr Lucien Hélie. Elle vend la maison et ses dépendances à son frère, Joseph-Ovila Montplaisir, en 1938. Joseph-Ovila Montplaisir Originaire de Saint-Grégoire de Nicolet, Joseph-Ovila arrive à Drummondville à l'âge de 19 ans. Il s'intéresse d'abord à la restauration et à l'alimentation. En 1901, il crée une révolution en vendant des bonbons à d'autres périodes que le temps de fêtes et en introduisant le commerce des bananes et de la crème glacée. Délaissant l'alimentation, il s'investit dans la construction sous la raison sociale Montplaisir et Archambault, puis dans la vente d'automobiles GM où il se crée une place enviable à l'échelle provinciale. Joseph-Ovila imprime littéralement son énergie à sa ville d'adoption. Il est, en effet, à la tête de plusieurs sociétés, dont la fonderie J.-A. Gosselin, la Corona Velvet et la Macdonald Wire Goods. À compter de 1937, il...

En 1907, la famille d'Ovide Brouillard emménage dans la somptueuse résidence victorienne construite par Joseph-Trefflé Caya en 1880. Elle quitte ainsi Carmel (village à l'ouest de Notre-Dame-du-Bon-Conseil) où Ovide exploitait un magasin général et une scierie alimentée par d'immenses concessions forestières découpées dans les cantons de Wendover et de Simpson. C'est à Carmel que son épouse, née Démerise Gauthier, avait donné naissance à leurs cinq enfants. Ovide est doué d'un esprit d'entreprise hors du commun. Il étend ses activités forestières au Saguenay, dans Charlevoix et en Gaspésie. Il investit dans des entreprises situées à Saint-Hyacinthe (distillerie, moulin à vent, moteur diesel), à Valleyfield (brasserie), à Drummondville (allumettes, chaussures) et à Montréal. Il est curieux de tout et à l'affût d'inventions. Vers 1920, il met sur pied la société Omega pour exploiter deux brevets délivrés à l'inventeur Joseph Lemire de Drummondville, soit celui d'un moulin à vent et celui d'une pompe sans friction. L'arène publique Les luttes politiques passionnent Ovide tout autant que les affaires. Il est tour à tour conseiller et maire de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, conseiller et maire de Drummondville et député fédéral de Drummond-Arthabaska sous la bannière libérale de 1911 à 1921. À l'élection provinciale de 1908, son opposant Joseph Laferté l'avait emporté...

C'est en 1880 que Joseph-Trefflé Caya se fait construire, tout en haut de la côte de la rue Brock, une résidence sortant de l'ordinaire par son gabarit, son style et ses matériaux. Il ne lésine pas sur les ornements qui qualifient le style victorien populaire à la fin du XIXe siècle, tels la balustrade en bois ouvragé de la galerie, l'oriel fermant la grande lucarne, les fenêtres en forme d'arc surbaissé, les dentelles de bois aux rives de toit et les épis de faitage. Il s'assure que la lucarne principale déborde largement du corps de la maison pour couvrir entièrement la porte centrale et parer, ainsi, aux rigueurs de l'hiver. Enfin, les murs sont construits en brique et le toit est recouvert d'ardoise. Originaire de Baie-du-Febvre, Joseph-Trefflé Caya est arrivé à Drummondville avec ses parents en 1843. Son père, Antoine, pratiquait le métier de boulanger. Quant à sa mère, née Esther Richer Laflèche, elle est décédée peu après avoir donné naissance à son sixième enfant. Une sœur cadette de Joseph-Trefflé, Élisa, épousera Henry Trent, gentilhomme d'origine anglaise qui a émigré au Canada en 1836. Joseph-Trefflé, le scribe À n'en pas douter, Joseph-Trefflé poursuit des études supérieures, puisqu'en 1859, il est nommé greffier de la...