Au XIXe siècle, la locomotive s’impose comme symbole prédominant de l’industrialisation moderne. Les chemins de fer permettent à plusieurs villes et villages de voir le jour et de prospérer. À Drummondville, ce moyen de transport est l’un des éléments clés du développement de la ville. Certes, il est souvent question de l’apport des industries tel que la AEtna Chemical (1915-1919) ou la Canadian Celanese (1926-2000), mais ces compagnies se seraient-elles établies ici si elles n’avaient pas pu accéder aux marchés par la voie des chemins de fer ? Les premiers chemins de fer dans la région Tout commence près de Kingsey Falls, dès 1826, alors qu’un dénommé James Georges est l’un des premiers de la région à construire un chemin de fer. Souhaitant transporter son bois à la rivière pour en faire le flottage, celle-ci étant située 6 kilomètres plus loin, il utilise des chevaux pour traîner sa cargaison sur des rails. Jusque dans les années 1870, il n’y a toujours pas de circuit ferroviaire dans la région permettant le transport sur de longues distances. Le bois du moulin de John Valentine Cooke doit donc également être expédié via les cours d’eau jusqu’au port de Québec avant d’être finalement livré en Europe. Ce...

Un coin de l’usine familialeBien que l’invention de la motoneige nous ramène vers 1935 avec Joseph-Armand Bombardier, l’expansion réelle de cette industrie se passe principalement entre 1959 et 1971. De sa fondation en 1967 jusqu’à sa fermeture en 1976, la compagnie Skiroule, située à Wickham, contribue de façon exceptionnelle à l’évolution de la motoneige, notamment avec son modèle RTX. Tout débute en 1963 avec le jeune Réjean Houle voyant sa première motoneige. Il décide alors de s’en construire une dans un coin que son père lui octroie au sein de leur usine de machinerie agricole. Il nomme aussitôt sa première création « Skiroule », pour « Ski Réjean Houle ».Une croissance rapideDurant les années 1964 et 1965, le jeune passionné parvient à regrouper une vingtaine d’autres personnes et à mettre sur le marché 20 motoneiges qui se vendront presque instantanément. Au cours de l’année suivante, l’équipe réussit à en fabriquer 200, puis 600 encore entre 1966 et 1967. La demande est si forte qu’il fonde enfin la compagnie en avril 1967. Ce sont les actionnaires qui pourvoiront aux postes dans la direction, et le vendeur Fernand Béland devient aussitôt vice-président. L’expansion est fulgurante. Entre les années 1967, 1968 et 1969, l’usine pousse sa production de 1 500...

En plein cœur du centre-ville de Drummondville se cache un lieu d’une grande importance pour l’histoire de notre région : l’église anglicane St. George. Achevée en 1864, elle est la plus vieille église de la municipalité. Sur le même terrain de la rue Heriot, l’on retrouve aussi son presbytère, ainsi que son cimetière qui accueille parmi les plus vieilles sépultures de Drummondville, incluant celle de son fondateur, Frederick George Heriot, décédé en 1843. Cet endroit représente un héritage qui, comme toute structure, s’use ou se brise. C’est ainsi qu’au début des années 1990, le site de l’église anglicane St. George se retrouve dans un état critique et nécessite la réalisation de divers travaux de restauration et d’entretien. À cette époque, la grande majorité des dépenses de l’église St. George est assumée par les donations de ses paroissiennes et paroissiens. Cependant, leur nombre diminuant, cette charge financière devient de plus en plus lourde à endosser pour la quarantaine de fidèles qui fréquentent les lieux. Le chauffage, l’électricité, les taxes et toutes les dépenses reliées à l’utilisation de la bâtisse représentent déjà une somme de 25 000$ par an, causant ainsi le report de plusieurs travaux rendus nécessaires à cause des ravages du temps et du vandalisme. Devant cette problématique,...

  Alors que le petit hameau de Drummondville n'en est qu’à ses tous débuts et qu’il se remet à peine du grand brasier de 1826, le gouvernement du Bas-Canada décide d’y ouvrir un bureau d’enregistrement afin de permettre aux notaires d’y officialiser des actes notariés, notamment les transactions conclues entre les acheteurs et les vendeurs de propriétés immobilières. L’institution, créée dans les régions où la tenure seigneuriale n’existe pas, dessert alors les comtés de Drummond, d’Arthabaska, de Bagot, mais également une partie de ceux de Wolfe et de Richmond. William George Robins, ancien capitaine du régiment suisse de Meuron et vétéran de la guerre de 1812, est alors nommé registraire et enregistre le 9 août 1830 le premier document notarié de la bourgade qui est ensuite recopié fidèlement, à la main, dans un registre. Le premier édifice accueillant officiellement le bureau d’enregistrement est construit en 1861, par Alexis Belisle, à l’angle des rues Heriot et Robinson (aujourd’hui la rue Marchand). Dès lors, le bâtiment abrite diverses instances, dont le conseil municipal de Drummondville, le conseil de comté de Drummond et différentes cours de justice. La Cour de circuit, par exemple, qui tient des audiences relatives aux litiges civils de moindre envergure à...

  Drummondville, 9 septembre 1921, 8h00. Le sifflement du train se fait entendre. C’est le signal pour les hommes qui se dirigent vers la voie ferrée du Canadien National traversant la cour. La locomotive s’arrête finalement quelques minutes plus tard, grinçant sous le poids de plusieurs centaines de massifs billots de bois équarris. Les ouvriers travaillent d’arrache-pied pour décharger le tout et l’entasser, en piles, dans la cour. Ce pin, cette épinette et cette pruche deviendront ainsi le labeur de leur prochain jour, eux qui devront les scier pour en faire du bois d’œuvre, notamment des madriers et des planches. Ceux-ci seront ensuite chargés sur les prochains wagons qui les achemineront vers leur destination suivante. C’est là le quotidien de la scierie Campbell MacLaurin Lumber Co. Limited, incorporée à Montréal en 1907, et établie à Drummondville depuis 1908. Dès la fin de l’année 1907, la maison-mère de la Campbell MacLaurin annonce son intention d’ouvrir une succursale à Drummondville qui procurera, à son apogée, du travail à près de 125 hommes. À son ouverture en 1908, la compagnie occupe un vaste terrain entre le troisième rang (l’actuel boulevard Saint-Joseph), la voie ferrée de l’Intercolonial Railway (devenue celle du Canadien National à partir de...

  Au début du 20e siècle, trois théâtres tentent de s’implanter à Drummondville, soit le Bijou rue Heriot, le Rialto rue Cockburn et le Royal rue Saint-Marcel, dans le haut de la ville. L’aventure du Rialto commence bien modestement en 1915. Ephrem Archambault a converti une partie de son magasin général en salle de projection. C’est l’époque du cinéma muet. Un pianiste amateur interprète des pièces à la mode : valse, polka, fox-trot, en suivant l’allure plus ou moins rapide du film. En 1922, devant l’engouement pour les vues animées, monsieur Archambault réduit la portion occupée par son magasin au bénéfice du théâtre. Un piano automatique déroule les pièces de répertoire devant les spectateurs s’émerveillant des prouesses des cowboys sur fond de montagnes Rocheuses. En janvier 1927, les propriétaires du Rialto et du Royal forment une société du nom de Théâtre Rialto & Cie. Le Royal est converti en salle publique. L’avènement des films sonores entraîne des investissements importants, tel l’achat d’un nouveau projecteur diffusant 24 images par seconde, plutôt que 16 pour les films muets. Le théâtre est fermé le dimanche, jour du Seigneur oblige, comme partout ailleurs en province. L’entrée est de 40¢, duquel montant sont retranchés 5¢ pour la taxe sur...

  Durant les années 1920-1930, la population de Drummondville augmente de façon considérable avec l’établissement de plusieurs usines de textile dans la région. Cette augmentation provoque entre autres le développement des arts et de la culture, tel que le cinéma. Précédé par le Théâtre Rialto, le Théâtre Royal et le Théâtre Bijou, le Théâtre Drummond éclipse rapidement ses prédécesseurs pour devenir le cinéma le plus populaire en ville. La construction du Théâtre Drummond débute en 1936 selon les plans de l’architecte montréalais Raoul Gariépy. Après avoir éprouvé quelques retards dans les travaux, les propriétaires D. A. Burpee et Maurice West, de Burpee & West Entreprises, annoncent dans les journaux locaux l’ouverture tant attendue du nouveau théâtre de la rue Lindsay, prévue le 19 janvier 1937. Pour sa première soirée, des centaines de cinéphiles viennent assister à la représentation du film américain « Born to Dance » mettant en vedette Eleanor Powell. Accueillis par sa façade blanche ornée de motifs noirs et rouges rectilignes et sa marquise massive, les spectateurs entrent afin de patienter dans les deux salles d’attente du bâtiment. Derrière les grandes portes de bois se cachent une salle de projection gigantesque dotée d’un système de ventilation et de chauffage, 738 sièges confortables,...

  Au Québec, en vertu de la Loi sur la tempérance du Canada de 1885, dite Loi Scott, aucun permis de vente d’alcool au détail ne peut être émis sauf à des fins médicales ou sacramentelles. Dans le comté de Drummond, un référendum entraîne le rappel de ladite loi dès 1892. Le conseil municipal de Drummondville, sous la pression du clergé, limite cependant à quatre le nombre d’hôtels permis sur le territoire et fixe à 200$ le coût annuel d’une licence d’exploitation. De plus, il interdit la vente de spiritueux le dimanche et les jours de fête, sauf sur présentation d’un certificat signé par un médecin et contresigné par le curé de la paroisse Saint-Frédéric ou le pasteur anglican. En tout temps, les mineurs et les ivrognes reconnus sont contraints de s’abstenir. Enfin, l’heure de fermeture des bars est fixée à 23h00. Les quatre hôtels désignés par le conseil municipal s’alignent sur la rue Heriot. Le plus ancien, l’Hôtel Boisvert, aussi connu sous le nom de Drummondville Hotel, est situé du côté nord, en face de la rue Loring. Les trois autres sont construits du côté sud, soit le Grand Central, à l’intersection de la rue Cockburn, l’American House, en face de l’Église...

  C’est en 1896 que la Ville achète une centrale privée qui transforme le courant de la rivière Saint-François en électricité à la hauteur des chutes Lord, près du pont de chemin de fer. Dès le départ, la Ville doit investir pour augmenter la capacité des installations. Dans les années qui suivent, beaucoup d’argent est injecté dans cette entreprise, ce qui a pour effet de plomber le budget de la Ville. Au début de février 1914, les citoyens de Drummondville élisent un nouveau conseil de ville dirigé par l’industriel Alexandre Mercure. Ce dernier croit qu’il est maintenant dans l’intérêt de la Ville de revendre à l’entreprise privée son « pouvoir d’eau ». Peu de temps après, la Ville reçoit de la Southern Canada Power, une compagnie d’électricité œuvrant dans les Cantons de l’Est, une offre d’achat de ses installations hydroélectriques. Le 24 avril 1914, le conseil adopte le Règlement numéro 19 qui lui permet de vendre à la Southern Canada Power son « pouvoir d’eau ». Mais cette décision ne fait pas l’unanimité parmi les citoyens. Plusieurs d’entre eux demandent et obtiennent qu’un vote des propriétaires de la ville soit tenu le 20 mai sur la question. Pour que les parties puissent présenter leurs arguments à la...