Le capitaine Adhémar

Jacques Adhémar naît à Détroit le 12 février 1774. Ses parents, bien que Canadiens-français et originaires de Montréal, passent une partie de leur vie aux États-Unis, à Détroit et à Michillimakinac, pour le commerce des fourrures. À la mort de son père, survenue en 1804, Jacques revient au Canada pour s’établir à Montréal. Marchand de métier, ce dernier s’illustre surtout comme militaire durant la guerre anglo-américaine et comme pionnier de la colonie de la rivière Saint-François (Drummondville).

Au printemps 1812, les États-Unis déclarent la guerre à la Grande-Bretagne. La menace imminente d’une invasion américaine en sol canadien force alors le gouverneur George Prevost à recourir à la milice pour la défense du territoire. Il autorise ainsi la levée du corps des Voltigeurs et en confie le commandement au major de Salaberry. Jacques Adhémar, alors officier de milice à Montréal, entreprend d’intégrer le nouveau corps d’infanterie légère; il est présent à Châteauguay en avril 1812 à titre d’officier recruteur; obtient sa commission de lieutenant en mai 1812 et devient capitaine de la 8e Compagnie des Voltigeurs en mars 1813.

Le capitaine Adhémar commande sa compagnie jusqu’à la proclamation de la paix et la dissolution des Voltigeurs, en mars 1815. Durant le conflit, il mène ses hommes avec courage et vaillance et se distingue particulièrement lors des batailles de Sackets Harbor et de Crysler’s Farm. Le gouverneur Prevost dira d’ailleurs de lui avec éloge: «Adhémar est un brave, même à l’extrême».

Après la guerre, Adhémar participe à l’établissement de la colonie de Drummondville aux côtés de Frederick George Heriot, avec qui il s’est lié d’amitié durant son service militaire. Le vétéran-soldat est chargé, au début, d’accueillir les colons à William Henry (Sorel) le temps qu’ils soient redirigés vers les terres qui leurs ont été octroyées. Lui-même va quitter rapidement pour Drummondville où le lieutenant-colonel Heriot lui cède un lot bien situé, au cœur de la colonie. Il y fait construire un magasin général, qu’il tient avec son épouse, et devient ainsi le premier marchand du village naissant. Il occupe également, au sein de la communauté, les fonctions de juge de paix et d’officier de milice tout en veillant à l’érection de la première église catholique de la petite bourgade.

Jacques Adhémar décède le 4 novembre 1822 et est inhumé dans le chœur de l’église Saint-Frédéric, un honneur qui évoque l’importance de ce personnage historique. Son ami Frederick George Heriot, bien qu’il soit protestant, préside à l’enterrement et la bénédiction de la sépulture a lieu quelques jours plus tard. Longtemps, le patronyme de ce pionnier a trôné avec fierté au centre-ville, rappelant sa mémoire et son héritage. Aujourd’hui, et ce depuis 1956, la rue Adhémar n’existe plus et notre toponymie se fait silencieuse à son sujet. Espérons que l’occasion de remédier à la situation se présentera prochainement.